Cher prince Charles de Windsor

11 janvier 2011,

J’ai beaucoup apprécié votre entretien avec l’hélicoécologiste Yann Arthus-Bertrand sur FR3 dans l’émission « Vu du ciel »le 5 janvier dernier*. La rapide visite de votre domaine de sept cents hectares de Highgrove est convaincante. Vous êtes un véritable écologiste en profondeur. On souhaiterait entendre dans la bouche de quelques uns de nos responsables politiques, y compris écologistes, vos propos sur la forêt primaire, la biodiversité, l’agriculture biologique, l’extinction des espèces, le changement climatique, la responsabilité de l’humanité ou la récupération des eaux usées des salles de bain pour arroser les platebandes de fleurs au pied du manoir.
Votre position éminente dans la hiérarchie sociale de l’espèce humaine vous offre une tribune exceptionnelle pour faire connaître ce qu’est vraiment l’écologie au grand public.
Elle vous dessert également car on peut critiquer cette situation anachronique, et les revenus colossaux dont vous bénéficiez. Même si l’on sait que vous avez demandé à payer des impôts, ou que vous entretenez des fondations diverses.
Votre déambulation dans le parc de votre propriété nous fait découvrir à la fois vos topiaires tarabiscotées et votre souci d’élever et de soigner votre bétail avec le moins de chimie possible. Bravo, mais pourquoi tous ces mammifères brouteurs dont vous devez connaître le désastreux bilan écologique? Pourquoi ne pas promouvoir auprès des consommateurs humains des diètes davantage végétariennes ?
Vous vous souciez de la disparition des forêts primaires. Bien. Mais vous savez que sur toute la planète on finit de les faire disparaître pour créer de la prairie et élever du bétail pour fabrique du steack.
Nous avons suivi avec intérêt votre critique violente de l’aménagement urbain contemporain et de l’architecture dite moderne. Vous êtes un sympathique provocateur, un réagisseur tonique. Lorsqu’on voit Oscar Niemeyer s’entêter à cent trois ans à continuer de construire ses monstres de béton démodés, on est tenté d’examiner votre position de plus près.
On se souvient que vous avez longuement fréquenté Laurens Van der Post, l’écrivain philosophe sud-africain qui a inspiré votre attitude devant la vie et pour assumer le rôle très difficile que vous devez jouer. Nous ne saurions trop recommander aux lecteurs du Sauvage de faire sa connaissance.
Nous vous assurons de notre sympathie
Alain HERVE