L’incantation des milliards

14 octobre 2011,

Par Alain Hervé

Il semble qu’un humain, il y a quelques millions d’années, se penchant sur une mare ait vu son reflet et s’interrogeant sur l’identité de cette apparition l’ait baptisée « humain » plutôt que « grenouille ». Depuis cette date, la prolifération du genre a formé l’humanité. L’espèce en question s’est accrochée à la mince peau d’une planète du système solaire et l’a baptisée Terre. Un peu de la même manière que les poux s’accrochent à un crâne en profitant de la toison qui le recouvre.

Depuis des millions d’années, des humains : sorciers, prophètes, philosophes, scientifiques, chercheurs… ont tenté de comprendre ce que nous étions et pourquoi nous étions là. Sans y parvenir. Tout au plus ont-ils établi que nous étions un avatar d’une mystérieuse entreprise de l’Evolution qu’ils ont intitulée « vie ». Nous en dépendions sine qua non. Hors de la vie pas d’humain. Donc pour faire durer l’humain, il faut d’abord et absolument  préserver la « vie ». Cela, une autre catégorie d’humains qui se sont baptisés « politiques » ou « économistes » ne l’ont toujours pas compris tandis qu’ils prétendaient guider l’espèce.

Voilà où nous en sommes .

Le 12 octobre deux rabâcheurs ont assommé pendant trop longtemps six millions de Français avec des comptes d’apothicaire (ou d’épicier?). Personne n’a rien compris à cette jonglerie de milliards. Lorsque la plupart d’entre nous  cherche cent euros pour finir le mois. Mais ils n’ont à aucun moment parlé de la vie menacée. Pas un mot. Priorité à l’incantation des milliards. Ils n’ont pas compris que les poux ne survivent pas sur le crâne des chauves. Or la pullulation humaine et l’économie dite moderne rendent notre planète chauve et c’est ce drame qui est prioritaire.

On reparlera de la Grèce sommée d’avaler des milliards et de recracher des milliards. Les Grecs qui vivent sur une terre ingrate entendent ce message abstrait et descendent dans la rue pour exprimer leur refus, leur peur, leur incompréhension. Ils demandent eux de vivre. Ils exigent qu’on leur parle d’abord de la vie.

A.H.