Sont-ils agaçants ces préraphaélites !

4 octobre 2011,

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par Michèle Valmont

A la fin du 19ème siècle, en pleine Angleterre victorienne, au moment même où misère, famine, exploitation enfantine, prostitution touchent le peuple de façon terrifiante, de quoi se préoccupe ce groupe d’artistes ? : « de l’esthétique pour l’esthétique » !

Trouvant leur inspiration dans la mythologie grecque, dans les légendes médiévales, dans le raffinement de la Renaissance italienne (d’où leur dénomination), ou encore dans les drames shakespeariens, ils remplissent leurs toiles d’héroïnes aux visages éthérés, vêtues de robes fluides, lascivement étendues sur des sofas parsemés de pétales de roses ou entourées d’anges au regard extatique.

Aucune conscience sociale, aucune revendication politique. Ils refusent obstinément d’être les témoins de leur temps.

Faut-il pour autant les mépriser ou considérer leur démarche hédoniste comme inutile, voire décadente ? Un artiste doit-il obligatoirement être engagé pour être reconnu ?

A mon sens, non. Burne-Jones, Rossetti, Leighton, Alma-Tadema… sont des peintres de grand talent. Un charme ensorcelant, une sensualité délicieuse se dégagent de leurs œuvres.

On en  voit rarement en France où les musées n’en possèdent guère. Aussi rendez-vous au musée d’Orsay à Paris pour voir l’exposition « Beauté, morale et volupté dans l’Angleterre d’Oscar Wilde » (Jusqu’au 15 janvier 2012). Les Préraphaélites y sont abondamment représentés, à côté d’autres peintres comme Whistler ou Tissot, entourés de meubles , d’étoffes, et d’objets (William Morris). Le parcours de l’exposition est émaillé de citations savoureuses d’Oscar Wilde.

Michèle Valmont