Aller au théâtre Mouffetard est toujours un plaisir tant les programmations y sont originales et variées.
Ainsi, après une magnifique « Phèdre » de Racine, nous assistions hier à l’opéra de Joseph Haydn « le
monde de la lune ». Cet opéra fut créé en 1777 sur un livret de Carlo Goldini. L’argument en est assez pauvre : pour épouser la fille du riche Buonafede, passionné d’astrologie, le jeune Ecclitico se fait passer pour un astrologue susceptible de l’inviter sur la lune. On imagine la bouffonnerie de la situation.
La musique en est charmante, surtout dans les ensembles. L’orchestre est ici remplacé par un grêle piano-forte, brillamment joué par Camille Delaforge qui fait le maximum pour étoffer l’ensemble.
La distribution est assurée par de jeunes chanteurs aux voix fraîches, manquant parfois de maturité, défaut particulièrement sensible chez la haute-contre qui incarne Eccletico, rôle écrit à l’origine pour un castrat, unique exemple dans l’œuvre de Haydn.
L’interprétation manque de chaleur, les chanteurs ont du mal à se laisser porter par le comique de la situation, ils restent un peu rigides. Peut-être est-ce dû à leur formation baroque. On ne chante pas Haydn comme Couperin…
L’action étant ici transposée au 20ème siècle, au milieu des écrans et des synthétiseurs, l’élément féerique disparaît totalement. La scénographie d’Alexandra Lacroix, avec son plateau encombré d’éléments disparates et ses costumes décrochés d’une penderie d’étudiants fauchés, est franchement laide. Bien sûr, l’époque des coûteuses machineries scéniques est révolue, mais le bon goût et l’imagination sont gratuits !
On déplorera enfin que la mise en scène ne soit pas plus inventive.
Reste la jolie musique de Haydn…et c’est déjà beaucoup.
Michèle Valmont
Théâtre Mouffetard : 01 43 31 11 99
