La maison en papier

5 décembre 2012,

par Marie-Claude Howe

En 1922: un précurseur dans le recyclage des journaux.

Voila plusieurs années que je désirais visiter la maison construite avec de vieux journaux.
Cette maison est rarement ouverte au public en hiver. Mais grâce a un échange de courriels j’ai appris qu’elle serait ouverte le week-end suivant Thanksgiving, fin novembre.
Par un temps magnifique j’arrive dans un quartier de Rockport, Massachussetts, appelé Pigeon Cove.
Au premier abord c’est une très jolie petite maison de deux pièces, de construction classique, entourée par une terrasse, dans un coin idyllique, près de la mer.
En s’approchant on remarque que les murs extérieurs sont faits de papier journal, extrêmement verni pour le protéger des intempéries.
A l’intérieur, le mobilier est lui aussi fait de papier journal. Rien ne manque, bureau, table, chaises, chaise longue, horloge et piano.
L’horloge est faite de journaux des capitales des 48 états de l’Union de l’époque, le bureau, d’articles sur l’exploit de Lindberg, le piano, est un vrai piano recouvert de papier journal.
La cheminée est en brique et peut être utilisée. Il y avait l’électricité, l’eau mais pas de salle de bain. Une petite cabane extérieure, pas en papier, servait de toilette. Même les rideaux étaient faits de papier tressé.
C’était une résidence d’été construite par un ingénieur d’origine suédoise, Elis Stenman. Il habitait Cambridge près de Boston.
L’ossature de la maison, le toit et le parquet sont en bois. La terrasse autour de la maison, en bois, a été  rajoutée plus tard et protège les murs de la maison.
Ce n’est pas une surprise, monsieur Stenman était un grand lecteur de journaux. Ses amis et connaissances intéressés par son projet lui donnaient leurs vieux journaux ou en sollicitaient pour lui.
Les journaux étaient roulés en différentes épaisseurs et enduits de colle.
Les murs une fois terminés consistaient en 215 couches de journaux.
Environ 100.000 exemplaires de journaux ont été utilisés pour la construction de la maison et du mobilier.
Le papier devait être l’isolation thermique et devait être éventuellement couvert  de bardeaux de bois. Ceci ne fut pas fait.
La construction de l’ensemble  prit 20 ans.

La maison est maintenant un petit musée qui se visite. La petite nièce de madame Stenman, Edna Baudouin, en a hérité et l’entretient avec soin. Tous les ans l’extérieur est reverni, ce qui lui permet de résister à  la pluie et au vent.