Möbius,

2 mars 2013,

par Saura Loir 54072420446781jpgr640600b1D6D6D6fjpgqxxxyxx

Je vais vous faire un aveu : je n’ai pas compris grand-chose à l’intrigue de ce film. Tous ces personnages qui passent d’une langue à l’autre et qui semblent appartenir à plusieurs mondes et pays à la fois, ces conversations sibyllines émaillées d’acronymes, comment m’y retrouver ? On y voit une belle (évidemment) jeune femme, analyste financière extrêmement douée pour trouver les meilleures combines garantissant un maximum d’argent à un minimum de gens, et tant pis pour les perdants. Un espion russe très énervé qui engueule tout le monde, va savoir pourquoi. Tous les ingrédients d’un thriller sont là mais  tout ce que je pourrais en dire c’est qu’il s’agit d’une société pas très fréquentable où tout le monde trompe tout le monde et où, comme dans le ruban de Möbius, la réalité est le contraire de ce qui apparaît (c’est en tout cas ce que j’ai compris).

Ce n’est donc pas un film simple à appréhender, surtout quand on est affublé comme moi d’un esprit logique qui n’arrête jamais de demander le pourquoi du comment. Ici, miracle, je me suis vite rendu compte que je ne comprenais pas grande chose et que pourtant je m’en fichais comme d’une guigne. Mieux que cela, plus le film avançait plus j’y prenais plaisir. Clés de l’énigme : la mise en scène ? Les prises de vues ? La musique ? Les dialogues ? Les référence culturelles ? L’absence de violence et d’armes à feu ? La présence du mythique Tim Roth ? Un peu de tout cela sans doute, mais….. Allons, ravalons notre honte et passons aux aveux. Ce qui m’a fait me blottir dans mon fauteuil, sourire aux lèvres et délice au cœur, c’est Elle et Lui (ou plutôt, soyons honnêtes, Lui et Elle), le héros et l’héroïne tombés éperdument amoureux au premier regard, aux premiers mots taquins. Tellement beaux, tellement classe, tellement a-m-o-u-r-e-u-x ! Mon âme de midinette chavirait de délice. (« Ame de midinette », elle n’est pas très juste, cette locution, pourquoi faudrait-il laisser aux midinettes le « monopole du cœur » ?) Le couple Cécile de France/Jean Dujardin est de ceux dont on dit qu’ils sont faits l’un pour l’autre, lui, beau ténébreux torturé par la conscience du désastre à venir, elle, belle bien sûr mais aussi effrontée avec élégance, intrépide, avec un air canaille qui n’appartient qu’à elle. Elégance est le mot qui leur va le mieux, élégance et justesse du jeu, car non seulement ils sont beaux mais ils sont bons ! Elégante aussi la façon dont Rochant les a filmés, en particulier dans les – inévitables de nos jours – scènes de sexe, où la caméra rapprochée, insistant sur les visages et les regards jusqu’à exécuter un très gros plan sur la noire pupille de Dujardin, parvient à montrer l’intensité d’une passion qui va bien au-delà du désir. Crédible ou pas, à chacun d’en juger.

Film à déconseiller à ceux qui attendent une intrigue d’espionnage avec suspense savamment orchestré et à recommander chaudement  à tous les autres, sauf allergiques  aux « chagrins d’amour qui durent toute la vie ».

Saura Loir

 

Möbius, d’Eric Rochant, en salles actuellement