Les cent pas

17 avril 2013,

par Alain Hervé

Alain Hervé discutant avec le commandant du Queen Mary

Alain Hervé discutant avec le commandant du Queen Mary

 

Dans ma famille on prononçait cette vieille locution française, lorsque mon grand-père arpentait le plancher craquant de son appartement dans un va et vient silencieux. Il avait conservé cette pratique de son passé maritime. Il avait dans sa longue carrière de capitaine au long cours, de cap-hornier, dû souvent parcourir l’espace restreint de sa passerelle pour se dégourdir les jambes, pour calmer son angoisse des attaques des sous-marins allemands, pour réfléchir, méditer, ne penser à rien.

Faire les cent pas, cela signifie prendre de la distance, de la hauteur, s’isoler. Cet exercice gratuit, distant, devrait revenir en faveur dans notre époque de hâte et d’égarement.

« Il fait les cent pas », désigne un homme, une femme absorbé(e) dans le rien faire, sans destination visible, sans intention, aveugle, en état de retournement sur ses préoccupations intérieures.

Attendez, j’y arrive. Nous avons tout notre temps.

J’imagine François Hollande faisant les cent pas dans son bureau, pas ovale, de l’Elysée. Les cent pas de la réflexion. A ceci près que Hollande n’a jamais commandé en mer. Ce qui se voit dans tout son comportement. Il commande des bureaux pleins de cerveaux.

Toute sa politique est une politique de bureau. Une politique de cerveaux. Ils supputent, se réfèrent à des cas d’école, font mouliner les think tanks et accouchent de solutions un peu niaises comme ce déballage des fortunes.

Autant de romans balzaciens jetés au public pour sa plus grande délectation. Savoir que monsieur Fabius est à découvert sur son compte courant est une des meilleures farces que l’on puisse découvrir en ce moment sur les scènes parisiennes.
Des ministres inconnus deviennent célèbres par la révélation du montant de leur compte en banque.

La plupart sont des gagne petit à qui on ne confierait pas la gestion de son propre patrimoine, au vu de leurs médiocres performances. On leur a confié la France.

La France a besoin de décideurs de sang froid dans la situation dans laquelle elle se trouve. L’emploi est manifestement le seul grand problème à régler d’urgence. On ne distingue aucune impulsion radicale dans ce domaine. Toute la problématique écologique est à l’abandon. Alors que c’est là que se trouve nécessairement la solution à longue échéance de nombreux drames actuels. Nous avons étudié depuis quarante ans les différents aspects de ces questions dans le Sauvage.

En attendant qu’ils découvrent cette issue, faisons les cent pas.

Alain Hervé