Ravel-Echenoz aux Athevains

14 avril 2013,

par Michèle Valmontvz-c50a650b-4740-4d74-93d0-7416a013c70b

Adapter un roman au théâtre n’est pas toujours aisé ni souhaitable. C’est pourtant le pari qu’a parfaitement réussi Anne-Marie Lazarini en portant sur la scène des Artistic Athévains le « Ravel » de Jean Echenoz.

Cet ouvrage retrace avec minutie les dix dernières années de la vie du compositeur. Il est alors un musicien reconnu, adulé et joué dans le monde entier. Mondain et raffiné jusqu’à la maniaquerie, entouré d’amis, il n’en demeure pas moins un être secret, solitaire, vivant avec sa gouvernante dans sa petite maison  de Montfort l’Amaury, entouré d’automates et d’horloges. De sa vie privée on ne sait rien, sans doute parce qu’il n’y a rien à savoir. Peut-être complexé par sa petite taille, Ravel n’a, semble-t-il, jamais vécu de passion amoureuse. Dichotomie totale entre l’homme et l’œuvre, éclatante, elle, de fougue, de sensualité, d’élan enthousiaste.

Jean Echenoz garde sa distance avec le personnage. Son texte, rigoureux, bourré de détails méticuleux et savoureux, est dit à tour de rôle par trois comédiens : Michel Ouimet, qui vz-fcde1175-debd-42f2-bc9c-1261fd4fd245incarne un Ravel étonnamment ressemblant, émouvant et agaçant à la fois ; Coco Felgeirolles et Marc Schapira qui jouent tous les autres personnages avec une assurance et une drôlerie époustouflantes (l’évocation de Marguerite Long est irrésistible !).

La musique est présente grâce au piano tenu par Andy Emler qui, partant de thèmes ravéliens, a composé une musique originale, imprégnée du jazz qui séduisait Ravel, parfaitement intégrée au spectacle.

Les comédiens ne quittent jamais la scène au décor tout bleu, piano compris, belle réussite qu’on doit à François Cabanat. Maquettes ou jouets évoquent maisons, train ou bateau qui ont composé les décors des derniers voyages de Ravel avant sa maladie neurologique qui le frappa en 1933, le coupant peu à peu du monde et le menant à la mort en 1937 malgré une opération de la dernière chance décrite de façon réaliste et horrifiante par l’auteur.

Le beau langage de Jean Echenoz, le grand talent d’Anne-Marie Lazarini et des interprètes composent un spectacle profondément original et avant tout un bel hommage à un des plus grands musiciens du 20ème siècle.

Michèle Valmont

Théâtre Artistic Athévains :01 43 56 38 32