Montaigne c’est nous-mêmes

1 février 2014,

par Alain Hervé

A quoi ressemblait Montaigne ? Aux portraits qui nous sont parvenus ou à l’image qu’il a 330px-Montaigne-Dumonstiervoulu donner de lui-même dans ses écrits?

Calme, intelligent, matois, avisé, pragmatique, accablé de maux, infatigable, flemmard, prudent, audacieux, conformiste, révolté, autrement dit complexe, souvent contradictoire et rarement catégorique.

Cette ambiguïté a fait sa renommée et l’intérêt passionné que nous continuons d’accorder à ses Essais.

Mais ce qui fait aussi la difficulté de le représenter sur scène avec un seul acteur.

On l’imagine un peu corpulent sur la fin de sa vie, prix à payer pour son carpe diem.

On imagine ce finaud flatté de l’intérêt que lui porte Marie de Gournay, cette jeune…

vierge béate devant lui. Et saisissant l’opportunité que lui offre cette thuriféraire de pérenniser son œuvre.

Elle va le faire survivre.

A la lecture des Essais, nous reconnaissons nos propres contradictions. Nous nous identifions peu ou prou à Montaigne. Ce qui fait que le seul portrait fidèle que nous puissions accepter de lui, c’est nous-mêmes.

Ce qui explique sans doute la gêne que nous ressentons devant un acteur confronté à ce paradoxe. Mais je pense qu’au fil des représentations il va de mieux en mieux rentrer dans la peau de son personnage, tout en restant lui- même.

A.H.

Voir la critique de Michèle Valmont ci dessus.

On pourra aussi relire les articles à propos de Montaigne parus dans le Sauvage du 19 août 2012 à propos du livre de l’épatante Sarah Bakewell, du 25 août et du 31 août de cette même année. Et relisez Montaigne pour prendre de l’avance et du recul sur votre propre vie.