Lettre ouverte d’un citoyen normal au président François Hollande

27 avril 2014,

par imagesMichel Beaud

Monsieur le Président,

«Si le chômage ne baisse pas d’ici à 2017, je n’ai, ou aucune raison d’être candidat, ou aucune chance d’être réélu», avez-vous récemment déclaré à Clermont-Ferrand, au cours d’un déjeuner avec des salariés de Michelin. Une phrase retenue par presque toute la presse : un propos symptomatique, qui surprend  par l’étroitesse de vue qu’il révèle. Vous aviez déjà annoncé l’inflexion de la courbe du chômage pour la fin 2013 ; vous liez maintenant votre destin à sa baisse en 2017 : alors que les attentes des Français sont bien plus amples.

N’êtes-vous pas Président de la République ? N’êtes-vous pas au poste de responsabilité le plus élevé ? N’êtes-vous pas en charge de l’avenir de la France, en Europe et dans le monde ? Ne devez-vous pas proposer aux jeunes des perspectives, des projets, des chantiers ?

Soyons clair : en 2012, la crainte profonde de nombreux électeurs de voir Nicolas Sarkozy réélu a largement contribué à votre élection ; aujourd’hui, une double désaffection – de ceux qui ont voté contre Sarkozy et de ceux qui ont cru en vous – sanctionne vos piètres résultats. Il vous faut reconstruire la confiance et pour cela proposer un projet à la France.

Comme vos prédécesseurs, vous avez discouru sur la transition technologique et énergétique mais ne l’avez pas engagée, alors que l’Allemagne, la Chine, l’Inde, les États-Unis l’ont fait. Cette transition doit être écologique en atténuant notre pression sur la Terre ; elle peut être démocratique grâce à la vitalité des collectivités territoriales et des associations ; elle peut d’emblée être sociale si l’on veille à ce que la nouvelle maîtrise de l’énergie améliore la vie des plus démunis ; elle donnera un coup de jeune au tissu industriel, stimulera l’activité et la recherche et fera reculer le chômage.

Impulsez et conduisez cette dynamique avec intelligence, fermeté et constance, et vous verrez sans crainte approcher l’échéance de 2017.

Certes, il y aura des pesanteurs, des oppositions et des blocages. Vous aurez à vous hisser au dessus de vous-même, comme l’avait remarquablement fait François Mitterrand, et comme a réussi à le faire Jacques Chirac, notamment en s’opposant à Bush sur la guerre en Irak.

Sinon? Eh bien vous risquez fort de rejoindre Nicolas Sarkozy dans l’enfer gris de l’oubli, auquel sont voués les plus médiocres présidents de nos Républiques.

24 avril 2014 Michel Beaud, citoyen normal

(Pour en savoir davantage sur l’économiste Michel Beaud allez voir sur Wikipédia)