Opération d’intérêts

22 mars 2015,

Plaine du Var ReporterreSur le site de notre excellent confrère Reporterre (gratuit mais qui ne vit que par votre souscription), près de Nice, un immense gaspillage de terres fertiles se prépare, sans souci de l’avenir. Le 20 mars 2015, par Mathilde Gracia 

Entre mer et montagne, la plaine du Var, ancien potager de la Côte d’Azur, a souffert d’une urbanisation effrénée. Christian Estrosi, député maire de Nice, mène aujourd’hui un projet estampillé écologique qui vise à bétonner encore davantage au nom du développement durable. La mer d’un côté, les sommets enneigés de l’autre, aux abords de Nice, la plaine qui longe le Var offre un paysage grandiose. Depuis un point de vue, Monique Touzeau, la présidente du collectif associatif pour des réalisations écologiques (CAPRE 06), montre aussi les centres commerciaux installés le long du fleuve et une grande zone industrielle. Malgré tout, lorsqu’elle regarde cette vallée, Monique voit les zones Natura 2000 à protéger et les dernières terres agricoles de la Côte d’Azur à sauver.

D’autres y voient la possibilité d’étendre la ville de Nice et son rayonnement économique. Comme Christian Estrosi, tout-puissant député-maire de la ville qui veut y constituer « l’Eco-Vallée », une mini Silicon valley. Pour ce faire, il a obtenu le statut d’Opération d’Intérêt National (OIN) – qui implique l’Etat – sur un périmètre qui s’étend de la mer jusqu’à 23 kilomètres à l’intérieur des terres, couvrant 10 000 hectares et incluant 15 communes.

Quartier d’affaire international et « technopole »

Au total, 450 hectares seront « aménagés » ou « mutés », précise le président de l’Etablissement public d’aménagement (EPA), Christian Tordo. Parmi les opérations prioritaires de l’Eco-Vallée figurent ainsi Nice Méridia, une « technopole urbaine » avec équipements et logements où devraient s’installer start-up et PME dans les secteurs des nouvelles technologies et des énergies propres.

Près de l’aéroport, en bord de mer, se construit le Grand Arénas, un quartier d’affaires « international » où bureaux, logements et parc des expositions verront le jour à proximité d’un pôle multimodal qui reliera la gare, l’aéroport et une future ligne de tramway.

Le pari ? Faire venir des entreprises à la pointe de la technologie pour créer au moins 20 000 emplois à l’horizon 2030. Un peu trop ambitieux ? « Vous avez raison, c’est ambitieux, la situation de notre pays n’est pas celle des années 1970, mais c’est en se fixant des objectifs comme ceux-là qu’on y arrivera », répond Christian Tordo, le président de l’Etablissement public d’aménagement qui mène les travaux.

Une plate-forme agroalimentaire et horticole ainsi que des éco-quartiers fleuriront aussi le long du Var pour faire de la vallée le symbole de « l’éco-exemplarité ». Les opérateurs ont tout prévu pour prôner le respect de l’environnement : guide de la biodiversité, cadre de référence pour la qualité environnementale, écologie industrielle…

« Une urbanisation au fil de l’eau »

Mais le projet prévoit surtout l’installation de bureaux et l’agrandissement des zones commerciales existantes. « C’est à l’image de l’aménagement de toute la Côte d’Azur : une consommation effrénée de l’espace en avançant toujours des arguments d’ordre économique », estime Jacques Molinari, un scientifique du Gir Maralpin qui étudie l’organisation territoriale de la région.

Car la plaine a déjà souffert d’une « urbanisation au fil de l’eau », la plaquette de l’Eco Vallée elle-même le reconnaît. La production industrielle, les grands centres commerciaux et les activités de stockage ont provoqué « inexorablement la consommation des terres cultivées, l’occupation anarchique de la plaine et la colonisation des coteaux par un habitat diffus ».

Les terres les plus propices au maraîchage

Sur la plaine se succèdent en effet terres cultivées ou en friches, casses automobiles et maisons abandonnées.

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