Le pape a dit

20 juin 2015,

par Alain Hervé

Bravo pour cette encyclique Laudato si’,  que l’on attendait depuis quarante ans. François d’Assise s’impatientait. L’Eglise catholique reconnait enfin l’analyse écologique.

Un pape écologiste? (DR.)

Un pape écologiste? (DR.)

A ceci près que le pape François ne va pas au bout de la question. Ne va pas au delà de ce que la religion dont il est le chef, professe. Il ne remet pas en cause la position prédominante de l’homme. Il reconnait la responsabilité majeure d’anthropos dans le dérèglement des climats. Mais il lui confirme sa situation de créature privilégiée de Dieu sur la planète Terre.

Or l’intelligence de l’écologie n’est pas seulement de reconnaître le rôle dévastateur de l’homme dans la partition du vivant. Mais de faire comprendre que l’ homme est un mammifère de moyenne importance, auquel ses capacités cérébrales donnent une redoutable responsabilité.

Il doit modérer ses capacités prédatrices et appliquer ses talents à respecter les territoires de toutes les autres espèces vivantes. A vrai dire on voit mal comment la multitude des Sapiens démens va pouvoir rentrer dans sa niche … écologique.

François ne semble pas s’inquiéter du grouillement de neuf milliards d’hommes sur la petite planète où Dieu lui a ménagé un campement provisoire. Certes, dans son avion au retour des Philippines, il leur a dit “ne lapinez pas” , mais aujourd’hui, il répète aussi, respectez la vie de tous les foetus humains. Pas d’avortement. Pas de contraception…

L’homme met volontiers les autres espèces vivantes, dites sauvages, dans des zoos, soit disant pour les protéger, en réalité pour pouvoir les exterminer dans leurs territoires d’origine, pour exploiter, à son seul et exclusif profit, toutes les ressources naturelles nécessaires à toutes les formes de vie: eau, nourriture, combustibles, minerais… .

L’homme exploite les plantes, esclavagise les animaux, qu’il élève massivement et de très vilaine manière, pour les manger. L’homme met en danger la survie de sa propre espèce. Le pape ne le dit pas.

Ou ne peut pas le dire. Déjà avec ce discours de Laudato si’, il bouscule violemment le vieil ordre établi, dont  le plus grand nombre de ses cardinaux sont les représentants. Il désigne comme responsable la tyrannie de l’économie qui sévit autour de nous. Il ne va pas jusqu’à dénoncer l’absurdité du projet de croissance indéfinie, dont on nous assomme dans l’actualité quotidienne. Il disqualifie les remèdes technologiques pour résoudre à eux seuls le désordre que nous avons répandu sur les terres, les mers, le ciel , les climats…

Merci à François d’avoir utilisé son autorité de guide spirituel pour plus de deux milliards d’hommes pour engager un début de retournement philosophique.

Attention, François vient de donner un nouveau sens au mot progrès.

Le progrès ne sera plus technologique . Le progrès sera écologique. Amen

 A.H.