La putain du dessus, à la Huchette

6 octobre 2017,

Par Michèle Valmont

Oui, le théâtre grec existe toujours ! Le Théâtre de la Huchette en donne une preuve éclatante en montant « La putain du dessus » de Antonis Tsipianitis -auteur contemporain qui se joue depuis des années à Athènes-, dans la traduction de Haris Kanatsoulis.

Hiératique dans son élégante robe noire, Erato revient des funérailles de son mari dans son appartement athénien en désordre. Au fil de son monologue et des goulées de whisky qu’elle ingurgite, on découvre vite que le désordre ne règne pas qu’autour d’elle mais bien aussi en elle et dans la société dans laquelle elle vit.

Elevée à la dure dans une petite ville de province par un père rigide qui l’empêche de faire des études, car une femme grecque doit se marier et procréer, elle croit voir son salut en épousant un policier qui l’emmène vivre à Athènes, et s’aperçoit bientôt qu’elle partage la vie d’un macho corrompu et brutal qui la méprise, la bat et la trompe presque sous son nez…avec la putain du dessus. Le veuvage l’extirpe de cette spirale infernale.

Le récit de ses malheurs, qu’on pense avoir déjà souvent entendu, est en fait le reflet de la condition féminine universelle et plus précisément de la société grecque actuelle. Les clichés sont bien des réalités.

Emilie Chevrillon est l’interprète éblouissante de ce texte brillant, écrit dans un langage acéré à la fois drôle et dramatique. Aidée par l’excellente mise en scène de Christophe Bourseiller, vivante et rythmée, elle incarne aussi bien la femme aimante et soumise que la passionaria vengeresse en laquelle elle se transforme sous nos yeux. Sa présence scénique, son impeccable diction, l’émotion qu’elle dégage sont bouleversantes.

Alors, comme on le chante dans Offenbach : « Pars pour Athènes, pars pour Athènes, pars, pars, pars, pars, pars, pars, pars…. ».

 

Michèle Valmont

La Huchette : 01 43 26 38 99