Archive pour la catégorie ‘Compost’

Le Solaire Direct 2/2 : l’agriculture

1 mars 2024,

Suite du dossier sur le Solaire Direct, c’est-à-dire l’utilisation directe d’électricité photovoltaïque sans stockage (sans batteries).

Plaçons nous dans le contexte d’un monde en décroissance forte, en raison de la fin des ressources énergétiques à bas coût, de la fin des ressources minières à bas coût, en raison des perturbations du climat, en raison de tous les troubles sociétaux associés. Dans 20 ans par exemple.

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TYFA, l’agroécologie

26 février 2024,

En cette période de Salon de l’Agriculture il nous vient une certaine exaspération d’écouter à la radio ou la télévision des personnalités diverses mentionner au passage ce qui pour elles est une évidence, un consensus : « l’agriculture biologique ne peut pas nourrir le monde, les pesticides sont un mal nécessaire etc… ». Répétons qu’il n’en est rien, que l’on peut arrêter de s’empoisonner et manger en même temps.
La Rédaction

Copie d’une introduction de Pierre-Marie Aubert, ingénieur AgroParisTech :
Les signaux alarmants, en termes de santé et d’environnement notamment, pointant la nécessité d’une transition du système agricole et alimentaire en Europe s’accumulent depuis plusieurs années. Le scénario « Ten Years For Agroecology in Europe » (TYFA) développé conjointement par l’Iddri et le bureau d’études AScA, en collaboration avec un conseil scientifique composé de chercheurs de premier plan, montre qu’une Europe entièrement agroécologique, affranchie des intrants de synthèses et reposant sur un redéploiement des prairies naturelles et sur une extension des infrastructures agroécologiques (haies, arbres, mares, habitats pierreux), pourrait nourrir durablement 530 millions d’Européens en 2050.
Les hypothèses agronomiques testées par cette analyse prospective comparant la situation actuelle à un scénario à 2050 posent de nombreuses questions à la recherche scientifique, par exemple sur le niveau de production ; elles invitent également à une réflexion sur les enjeux politiques de la mise en œuvre d’une telle transition.
La suite ici.

Le témoignage d’un agriculteur

20 février 2024,

La rédaction du Sauvage remercie vivement Jérôme Caillé de nous avoir permis de publier son témoignage. Prenez la peine de le lire entièrement :

Je vous tends la main, pour que vous nous releviez !

Au travers de ce témoignage, j’ai décidé depuis le cœur du système, en toute transparence, de vous partager mon témoignage à travers le fil de l’histoire d’une exploitation, pour vous aider à comprendre le malaise qui touche les agriculteurs bios, et vous faire réaliser que vous avez des moyens, et de nombreux intérêts, à participer à la sauvegarde et à la relance de LA BIO, agriculture décriée, mais d’avenir, car la plus aboutie de tous les modèles agricoles, la plus avancée en terme de transition environnementale, et la plus respectueuse du vivant et de tout ce qui l’entoure, dont vous. Les producteurs bios ont fait le travail que vous, citoyens attendiez de nous mais il a été sapé. Vous allez comprendre, et j’espère que vous allez nous aider à relever les défis.

AGRICULTURE BIO, d’où viens-tu, que fais-tu, où vas-tu ?

Je me suis installé en 2002, sur une ferme de 100 hectares, hors cadre familial, aux sources de la Sèvre Nantaise, dans les Deux-Sèvres, en grande culture conventionnelle, j’ai converti l’exploitation en AB en 2011, après avoir « subi » les conséquences de la crise de 2008-2009, où mes charges d’exploitation avaient été supérieures à mes produits. A l’époque, je trouvais qu’on marchait sur la tête de devoir produire aux prix des cours mondiaux, avec des normes européennes, et une sur-règlementation française : il était impossible dans ce contexte de réussir sans changer de modèle, pour ne plus autant dépendre de ce que des financiers ou la météo, et leurs conséquences à l’autre bout de la planète, impactaient sur mes choix professionnels, mais aussi sur ma santé et/ou celle de mes enfants. Ah oui, je n’ai pas précisé, je suis marié et nous avons contribué au « réarmement démographique », avec 4 enfants.

Sur la ferme, dès 2009, j’ai créé un premier atelier de diversification avec la production sur une petite surface de 200 m² d’énergie photovoltaïque, sur un toit de bâtiment tout juste construit : à l’époque, c’était innovant, aujourd’hui c’est courant. (suite…)

Le Solaire Direct 1/2 artisanat et outillage

16 janvier 2024,

Dans le monde dégradé qui se dessine, avec moins de ressources et moins de mondialisation, avec une incontournable décroissance de nos possibilités, l’avenir est aux solutions les plus simples, aux technologies appropriées et joyeuses.

Le problème actuel de la mobilité électrique, de l’équipement électrique portable, ce sont les batteries. On ne sait pas encore faire de batteries qui ne soient pas extrêmement couteuses en énergie, en ressources, en destructions environnementales et sociales. Taper “enfants Coltan” dans un moteur de recherche pour comprendre le problème.

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Aventures en permaculture – 36, Cultiver la forêt ?

14 janvier 2023,

Trois réponses différentes à notre besoin de forêt : 1- laisser la forêt primaire se reconstituer naturellement, 2 – hâter la formation d’îlots de forêt primaire (Miyawaki), 3 – inventer des forêts nourricières

Le 11 janvier au soir j’ai participé à distance à une conférence organisée par la société Permafforest. L’objet en était la promotion de stages de formation pour la mise en place de « microforêts Miyawaki ». L’ambition de ces plantations est de recréer sur une variété de surfaces à partir de 100 m2, en 20 à 30 ans, une forêt primaire ou plutôt un peuplement d’arbres qui s’en rapproche. Des chercheurs ont fait remarquer que le terme de bosquet serait plus approprié que celui de forêt. Les anglophones parlent de tinyforest.
Je me suis senti concerné à double titre, d’abord ces entrepreneuses et entrepreneurs se réclament de la permaculture, ensuite je suis membre de l’Association Francis Hallé pour La forêt primaire. Le Sauvage a eu l’occasion de saluer cette association, elle aura bientôt 4 ans. L’association Francis Hallé a pour but de préserver un espace naturel de toute intervention humaine pour laisser se recréer spontanément une forêt primaire en Europe de l’Ouest sur environ 70 000 hectares (1). L’arrivée à l’équilibre pourrait prendre 800 ans mais on considère que l’essentiel du développement devrait se faire en 200 ans, ce qui est déjà long à l’échelle d’une vie humaine.
Les deux approches sont diamétralement opposées mais pas nécessairement incompatibles, avec chacune sa part de science botanique et sa part de nouveauté. Toutes les deux traduisent la prise de conscience de l’utilité de la biodiversité et du fait que l’humanité est allée bien trop loin dans la déforestation. (suite…)

Aventures en permaculture – 35, Le compost

22 novembre 2021,

Cette semaine j’ai téléchargé un guide gratuit sur le sujet du compost, offert par Permaculture Design (1) et par la suite j’ai assisté à distance à une conférence de la SCAH (2) sur le sujet, qui s’inspirait de ce guide. La présentation qui dans les deux cas se veut assez complète ne mentionne pas ma méthode favorite de compostage, ce qui me donne l’occasion d’un 35e épisode de mes aventures. Quand je fais visiter mon jardin, il y a toujours une pause didactique à côté du tas de compost. C’est en particulier pour moi l’occasion de répéter un conseil : mettez de la terre, il n’y en a jamais trop sur le compost.
Ce conseil mérite explication et précisions.

Fig. 1. En juin, les pépins des courges mangées l’année précédente ont germé. Le tas de compost est maintenu par des palettes.

Les débuts
Quand j’ai commencé à jardiner, il y a environ 50 ans, j’ai trouvé dans une publication (dont j’ai perdu la référence) la recette de compostage suivante.
1 – Creusez une tranchée peu profonde en mettant la terre sur le côté
2 – Remplissez la tranchée avec vos épluchures et déchets végétaux divers
3 – Remettez la terre par dessus, la nature se chargera du reste.
J’ai suivi à la lettre ces instructions lors de mes premiers essais. Maintenant je préfère un tas délimité par 3 palettes (voir Fig. 1) ou plutôt deux tas côte à côte, un pour l’année en cours et un de l’année précédente. Cela prend moins de place que la tranchée de mes débuts, et facilite le ramassage du produit final, une terre riche et fertile. Sur le tas photographié au mois de juin (Fig. 1), on voit pousser les plants issus des pépins des courges que nous avons mangé l’année précédente. Sur la Figure 2 prise en juillet de l’autre côté de la clôture, on voit que les courges étaient des potimarrons.
La principale précaution est de veiller à ce que le compost ne se dessèche pas, à installer dans le coin du jardin le plus à l’ombre qu’il est possible. Cette méthode est parfois qualifiée de compostage « à froid » mais on peut trouver par places des paquets de vers thermophiles (Eisenia) reconnaissables à leur pigmentation en anneaux d’un rouge plus soutenu. Les deux principaux avantages qui me font préférer ce compostage sont qu’il n’y a pas besoin de remuer pour aérer le tas et d’autre part que le produit final est bien plus stable et durable (de nombreux mois) que le compost obtenu avec les seules matières organiques (qui lui ne dure parfois que quelques semaines avant de perdre une grande partie de son pouvoir fertilisant). (suite…)

Des tresses vertes pour le Rojava

16 juin 2021,

Rojava. La chaleur étouffante du mois de mai tombe doucement alors que le soleil décline. Derrière l’université de Qamishlo, au nord de la Syrie, quelques personnes s’affairent dans un espace en friche devenu jardin.

(photo Loez)

L’air y est plus léger qu’en ville, moins chargé des poussières et des fumées de mauvais mazout alimentant générateurs et engins motorisés, qui empuantissent l’atmosphère et raclent la gorge. Les bénévoles de Keziyên kesk – les tresses vertes –, un groupe de jeunes femmes et hommes, s’activent à enlever les mauvaises herbes autour des dizaines de jeunes pousses d’arbres, alignées en rang serré, avant de les arroser soigneusement en veillant à ne pas les noyer.

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La Bio à poil

30 mai 2021,

Aventures en permaculture – 33, La Plume

9 décembre 2020,

Fig. 1. Josef Holzer devant les Algeco du chantier

Samedi 5 décembre, par grand mauvais temps, nous avons été invités à visiter le chantier des étangs de La Plume guidés par son maître d’œuvre, Josef Holzer jr. Pour expliquer ce qu’est ce chantier, on peut commencer par citer un des documents qui nous ont été communiqués :
Un concept respectant les critères de la permaculture Holzer doit être élaboré dans le cadre d’une étude de référence pour le domaine de La Plume situé dans la localité de La Penne (06260), en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Conformément aux vœux exprimés par les propriétaires du domaine, les principales thématiques étudiées sont les suivantes : la rétention d’eau, la culture de fruits et légumes en plein air, les vergers et l’exploitation touristique.
La localité de La Penne est celle qui abrite mes « Aventures » depuis 2008. Si vous aviez la chance de lire la Gazette des Jardins en janvier 2012, vous avez peut-être parcouru mon éloge d’un précurseur de la permaculture, Sepp Holzer, et de ses remarquables réalisations dans les Alpes autrichiennes (1). Josef junior est son fils (Fig. 1), un solide quadragénaire aux yeux de porcelaine bleue, qui diffuse le savoir-faire familial dans plusieurs pays avec ses pelles mécaniques, par l’intermédiaire d’une entreprise (Holzer permaculture), secondée par un cabinet de géologues (Geo Unterweissacher). J’étais impatient de le rencontrer et j’ai été séduit par sa franchise, sa bonne humeur et, pour autant que je puisse en juger, sa compétence. (suite…)