Archive pour juillet 2010

Les secrets d’un jardin écologique

15 juillet 2010,

Ce livre de Laurent et Isabelle Urban apporte une contribution très originale sur un sujet déjà abondamment traité. Il s’agit en effet d’expliquer le pourquoi et le comment de la vie des plantes. Autrement dit de nous initier de manière simple et claire à la physiologie de ces organismes vivants qui sont à l’origine de la vie et qui encore aujourd’hui nous permettent de vivre.

C’est au jardin que l’on peut commencer de comprendre ce que signifie le mot “écologie”. L’écologie n’est en effet pas un ornement de l’économie ou de la politique. C’est une perception globale des mécanismes de la vie dans la quelle nous sommes immergés.

Nos auteurs nous en font la démonstration à travers des observations précises.”Pourquoi ne peut-on pas greffer les liliacées, les graminées et les orchidées? “ou bien: “Préserver et valoriser les organismes auxiliaires indigènes.” ou bien : “Pourquoi les fruits les plus sucrés sont -ils aussi souvent les plus gros?” ou bien: “Sortir du paradigme biotechnologies-engrais-pesticides-mécanisation.” etc…

Précis, profond, pratique ce livre mérite les 24 euros que l’on aura investi. Il est remarquablement mis en page. Il est relié souple pour nous accompagner sur le terrain. Il est édité chez Belin.

Alain HERVE

Projet d’un film sur la forêt tropicale humide

3 juillet 2010,

Nous vous invitons  à participer à votre manière au projet de Francis Hallé qui lance l’idée de réaliser un film sur les forêts primaires des tropiques avec le cinéaste Luc Jacquet.

On nous rabâche depuis des années que l’on dévaste les forêts primaires pour élever du bétail, pour planter du soja ou des palmiers à huile ou fabriquer du contreplaqué. Et c’est vrai.

Ces monuments vivants de la biodiversité, plus anciens que l’histoire de l’humanité, n’existeront bientôt plus. Francis Hallé qui célèbre avec passion depuis des années dans son enseignement et ses livres les arbres et les tropiques (voir son dernier titre : « La Condition tropicale ») qui fut l’inventeur de l’exploration de la canopée avec un dirigeable est le président de l’association « Forêts tropicales humides, le film ».

Allez les rencontrer sur leur site : « foretstropicaleslefilm.org ».

la réponse de Jacques Julliard

1 juillet 2010,

Voir ci dessus la teneur de la lettre envoyée à Jacques Julliard

Cher Alain Hervé,

Comment vous répondre ? En essayant de m’analyser. D’abord, au risque de vous surprendre, je n’ai pas attendu l’écologie pour penser que le rapport à la nature est faussé depuis longtemps, à cause du caractère systématique de la pensée occidentale, sous l’influence de ses trois principaux vecteurs : christianisme, libéralisme, marxisme. Tous trois ont fait de l’homme le maître et le possesseur de la nature et ils ont eu raison. Je vous renvoie à la polémique de Voltaire avec Rousseau, et je suis du côté de Voltaire. « Quand on lit votre dernier livre contre le genre humain – je résume – il vous prend l’envie de marcher à quatre pattes », écrit Voltaire à Rousseau…

A la différence de vous, donc, je ne pense que l’homme soit purement et simplement une composante – fût-ce la plus élevée – du système de la nature. Du reste, après tout e que vous m’écrivez, comment osez-vous vous réclamer de l’humanisme ? L’humanisme, mon cher Hervé, c’est l’anti-nature !

Seulement – et voilà pourquoi je parlais de rapport faussé – la pensée christo-marxiste a oublié que si l’homme était un au-delà de la nature, il y a aussi un ça qui en fait partie. Je ne partage pas, par exemple, le mépris cartésien es animaux, qui fut souvent – pas toujours, voyez saint François – celui de notre civilisation chrétienne. Je pense que l’homme est plus que l’homme, sinon, il ne serait pas l’homme. Mais l’homme est tout entier culture et tout entier nature. Je pense cela depuis toujours. Mais je me méfie terriblement de toute philosophie naturelle.. Non, je ne traite pas les écolos de nazis. Vous m’avez mal lu. Mais je sais qu’à s’enfermer dans une philosophie naturelle, nous n’aurons un jour plus aucun argument contre le nazisme.

Nous sommes les fils du progrès et le progrès n’est pas une chose naturelle. Le XVIIIe siècle, qui était le siècle de la nature, n’a pu contrairement à ce que l’on croit, inventer le progrès. Il a fallu Condorcet, à sa toute fin, pour commencer à y penser.

Oui, je crois à la suprématie de la culture sur la nature. Je crois que la culture est capable – c’est le défi écologiste d’aujourd’hui – de revenir au respect de la nature. Mais je ne crois pas la nature capable, à elle seule, d’inventer la culture.

Voilà. Le naturisme est la pire des religions de salut. Telle est ma conviction. C’est une religion naturelle, c’est-à-dire une démarche qui cumule les impasses de la religions avec l’immobilisme stupide de la nature brute. Pour moi, le monde n’est pas illusion, il est allusion comme a dit un grand poète.”

Jacques Julliard