Archive pour août 2010

Et à propos de Giacometti

24 août 2010,

Pour avoir vu récemment un de ses « Homme qui marche ». C’était je crois au musée d’art moderne Peggy Guggenheim à Venise. J’ai eu un reflexe d’agacement.
Vous, vous voyez cette quintessence de la silhouette du bipède humain en route pour nulle part et partout ?
Exprimant surtout selon ce qu’on y projette : le désespoir, l’affliction, l’accablement, l’indifférence, la régression, l’absence, la néantisation imminente.
Cette quintessence de l’expression artistique constituée d’une agglutination légère de touches de bronze. Comme un tartinage puéril ou légèrement débile ou scatologique.
Ces statuettes sentent ou bien la merde, ou bien l’absolu insignifiant dans leur maigreur ascétique.
Elles annoncent la pusillanimité de l’homme, sa qualité dramatique, la fin de sa matérialité, sa disparition imminente.
On peut considérer Giacometti comme un génie de son temps qui a su exprimer le moins que rien avec une touche de snobisme puritain. Un anti Leonard de Vinci avec sa silhouette d’homme solaire vitruvien.
Les salons ont frémi. Les intellectuels se sont pâmés, les snobs ont ovationné, les marchands se sont précipités, les escapistes de l’impôt ont acheté et fait monter la cote.
On vient de vendre chez Sotheby’s je crois, un de ces petits machins soixante quinze millions de dollars.
Laquelle somme ne signifie pas la valeur prodigieuse de l’objet d’art mais la valeur du support spéculatif. La « petite merde » aux yeux du public populaire devient un porte pognon disproportionné.
Les critiques d’art laissent entendre que la valeur de l’artiste et de son œuvre augmente en proportion de sa valeur marchande. Ils cautionnent ainsi la minable fuite devant l’impôt et le dévoiement de l’appréciation de l’œuvre d’art.
Giacometti devient un super man de l’expression artistique. L’égal d’un Enguerrand Quarton et son micro marcheur comparable au Couronnement de la Vierge de Villeneuve-lès-Avignon.
On peut ne pas suivre ce délire.
Et saluer cette exemplaire imposture.

On peut aussi avoir une autre appréciation de l’évènement et l’exprimer…

Alain HERVE