Archive pour avril 2011

Egyptiade

29 avril 2011,

La Révolution terminée, Georges Flobère partit en croisière. Au bord du Nil, il assista à un charmant spectacle lyrique et hiéroglyphique, il prit quelques photos qui, bien que floues, aujourd’hui valent une fortune.

Michka De la Main gauche, une femme dans l’herbe

29 avril 2011,

De la Main gauche, une femme dans l’herbe,  Michka

MAMA éditions, 2011

Par Coline

Un samedi matin, moment béni pour lire encore presque allongée, j’ai ouvert « De la main gauche », journal 2, de mon amie Michka. Michka est une magicienne des herbes, algues, mousses ou lianes, de toutes les plantes qui embellissent les jours ; elle écrit sur les jardins, l’herbe, la spiruline, l’ayahuasca, et édite des livres où parlent des chamanes, de beaux livres verts et rouges comme une jungle aux couleurs profondes. C’est aussi une personne qui exhale sa vie en vapeurs hautement bénéfiques pour ses lecteurs.

Ainsi de ce journal : fruit d’une réflexion grave sur la maladie et certains moments de sa vie intense, il est léger et bénéfique comme une fumée en volutes. Au terme de deux heures ininterrompues de lecture, flottante au-dessus de moi-même, je me suis rendormie quelques minutes afin de garder tout cela en moi. Et puis en tournant la dernière page, j’ai eu l’impression d’avoir fumé quelque chose de très bon – alors que je ne fume pas. Et je me suis sentie mieux que rarement durant les jours qui ont suivi, en plénitude devant la vérité de ces pages, totalement guérie pour un temps par l’incroyable force et sagesse de ces lignes. Michka sait quelque chose par-dessus tout : elle sait bien être et elle suscite le bien-être de ceux qui la vivent et de ceux qui la lisent.

Ce livre est avant tout l’histoire d’un chemin vers la guérison, d’une volonté de guérison pour un mal qui atteint sa main gauche, par la seule force de l’esprit. Et on y croit avec elle, car cette femme a mené sa vie à sa guise repoussant toujours les limites du possible. C’est le journal de la femme la plus incarnée que je connaisse, qui est pleinement qui elle est et dit tout, absolument tout en toute transparence, qui sait dépasser la peur et nous entraîne à le faire. Le récit de sa vie, de ses choix, de ses engagements est d’une telle puissance de vérité et d’amour universel qu’il est un baume au cœur du lecteur. Elle guérit son corps, elle soigne notre âme. Lisez. Pour ce livre guérisseur, pour cet onguent spirituel, pour cette humanité élevée au rang d’œuvre d’art, merci à mon amie.

Coline

André Gorz/Michel Bosquet

29 avril 2011,

Comme nous tous Gérard Horst, Michel Bosquet, (un pseudo prémonitoire ?) André Gorz, arrivait du Rift africain, via Lucie. Mais, malgré un détour par les Balkans, lui se souvenait du long voyage de l’Espèce humaine et des souffrances endurées.

Gérard était un petit corps, une grosse tête et un gros cœur.

Je me souviens d’un repas organisé par Claude Perdriel, avec des Polytechniciens  de la direction d’EDF, boulevard Saint-Germain dans un restaurant aujourd’hui disparu, au coin de la rue du Dragon,. Gérard écoutait le chœur des anges nous prêchant l’innocuité du Nucléaire. Il écoutait modestement, puis on entendait sa voix basse qui claquait comme une serrure bien huilée : il ne les croyait pas.

Lui-même avait été ingénieur.

Gérard  n’était pas un intellectuel arrêté. Il avançait en silence.

Je me souviens d’une conférence de presse dans une chambre de l’hôtel Bersolys rue de Lille, en 1970. Gérard était assis par terre et écoutait un des prophètes de l’écologie américaine David Brower, qui venait de quitter la direction du Sierra Club et de fonder Friends of the Earth à San Francisco. Il débarquait à Paris pour saluer la création des Amis de la Terre. Il égrainait ces constats qui sont devenus des banalités et que Paul et Anne Erhlich venaient d’énoncer : l’épuisement des ressources, la prolifération humaine, l’empoisonnement des milieux de vie, l’emballement des technologies. Il reprenait la formule de Buckminster Fuller du Vaisseau Spatial Terre…

Gérard se taisait. Il appartenait à un cercle de pensée parisien en particulier des Temps Modernes, où aucun de ces concepts n’était considéré, ni même soupçonné. Mai 68 avait laissé d’autres échos.

Lui il réfléchissait.

Dans les années qui suivirent, dans le Nouvel Observateur et dans le Sauvage, il développa des idées scandaleuses, extrémistes, « écologiques »pour les tenants de l’orthodoxie de la croissance, qu’ils soient de gauche ou de droite.

Il les théorisa ensuite dans des livres fondateurs.

Jamais il ne se laissa intimider par les aparatchiks de l’extrême gauche qui considéraient l’écologie comme réactionnaire, avant de se peindre en vert pour entreprendre la reconquête d’un électorat qui leur échappait.

Pas plus qu’il ne se soucia des accusations d’être un ennemi du progrès par les tenants de l’establishment économique et financier.

Je me souviens de Gérard et de Dorine dans le bureau des éditions Galilée rue Linné, où elle travaillait, me lisant les dernières et ébouriffantes envolées d’Illich sur l’école, la santé, l’urbanisme…

La dernière injure faite à Gérard fut la construction d’une centrale nucléaire dans la région de Vosnon, où il avait décidé de se retirer avec Dorine.

Là s’est terminée avec grandeur, leur migration depuis le Rift.

Alain HERVE


Citations à l’ordre de la paresse

28 avril 2011,

Reprint Le Sauvage n° 15, juillet 1974, qui nous semble utile aujourd’hui en 2011 pour argumenter le débat sur la nouvelle économie et la nouvelle société.

« La nature n’a fait ni cordonnier, ni forgeron ; de pareilles occupations dégradent les gens qui les exercent, vils mercenaires, misérables sans nom qui sont exclus, par leur état même, des droits politiques. Quant aux marchands accoutumés à mentir et à tromper, on ne les souffrira dans la cité que comme un mal nécessaire. Le citoyen qui se sera avili par le commerce de boutique sera poursuivi pour ce délit. »

Platon (République)

« Les gens qui se livrent aux travaux manuels ne sont jamais élevés aux charges et on a bien raison. La plupart, condamnés à être assis tout le jour, quelques-uns même à éprouver un feu continuel, ne peuvent (suite…)

Petit précis d’exotisme

28 avril 2011,

Reprint Le Sauvage, n° 9-10, août-septembre 1991

par l’ethnologue Jacques Meunier

Ethnologie : poser des tables d’écoute sur des sociétés sans téléphone

Poésie : avec quatre mots fabriquer un fléau contre la bêtise

Paludisme : connaissance tremblée de l’Amazonie

Vieillir : mettre son enfance en quarantaine

Prose : mise à plat des aphorismes verticaux (suite…)

PARTAGE OU CRÈVE !

28 avril 2011,

Par Michel Bosquet /André Gorz

Reprint Le Sauvage, n° 12, avril 1974

Ce texte qui fut écrit pour le Sauvage il y a trente sept ans nous paraît témoigner de ce qu’était déjà l’écologie à cette époque. Non pas seulement la protection des petits oiseaux mais une réflexion sur le devenir des sociétés humaines confrontées à l’utopie croissantiste.

Les Sauvages associés

Unique principe pour rompre avec l’idéologie de la croissance : « Seul est digne de toi ce qui est bon pour tous. »

L’écologie, c’est comme le suffrage universel et le repos du dimanche : dans un premier temps, tous les bourgeois et tous les partisans de l’ordre vous disent que vous voulez leur ruine, le triomphe de l’anarchie et de l’obscurantisme. Puis, dans un deuxième temps, quand la force des choses et la pression populaire deviennent irrésistibles, on vous accorde ce qu’on vous refusait hier et, fondamentalement, rien ne change. La prise en compte des exigences écologiques conserve beaucoup d’adversaires dans le patronat. Mais elle a déjà assez de partisans patronaux et capitalistes pour que son acceptation par les puissances (suite…)

Excursions à travers les milieux des animaux et des hommes, Jakob von Uexküll

27 avril 2011,

Par Hadrien Gens

La retraduction l’année dernière chez Rivages de Milieu animal et milieu humain (14€) du  biologiste Jakob von Uexküll paru en 1934, devrait permettre de faire (re)découvrir la pensée méconnue de cet auteur majeur. Dans ce livre, Uexküll nous ouvre les portes des mondes de nombreux animaux comme l’abeille, le chien, l’anémone de mer, l’oursin, l’escargot ou la poule, mais également de nos propres mondes humains, celui de l’enfant, du convalescent, du forestier, etc. La thèse fondamentale de Milieu animal et milieu humain est que l’animal n’est pas une machine mais un machiniste ; c’est un sujet qui s’ajuste à son milieu mais qui ne le subit pas. Par là, le biologiste retrouve notamment l’idée selon laquelle le temps et (suite…)

Vies de Job, Pierre Assouline

15 avril 2011,



par Alain HERVE

On se souvient du son de sa voix dans l’émission matinale de France Culture pendant des années. Il a donné un ton que ses successeurs perpétuent.
Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Plutôt du dernier livre de cet éclectique biographe ( Dassaut, Hergé, Cartier Bresson, le Lutétia…) intitulé « Vies de Job ». Il s’agit d’un panoramique philosophique, autobiographique. Après de longs détours, Assouline aborde à 58 ans son hard core. Voilà le récit d’une longue souffrance résultant de la mort de son frère aîné et de son père, de son retour à la pratique religieuse de sa foi juive. La lecture de ce livre fleuve soumet à son lent courant, mais j’ai plongé ici et là dans de passionnantes digressions. Je le reprends tous les soirs pour y pêcher de nouvelles réflexions.

Cinq cents pages à la recherche de Job dans tous ses états. Job le souffrant, Assouline l’a choisi car il représente un inépuisable (suite…)

Vexations d’Eric Satie

14 avril 2011,

par Michèle Valmont

Je les ai entendues pour la première fois au Musée d’Orsay, il y a une dizaine d’années. On les donne ces jours ci à Monaco. Il s’agit d’une pièce pour piano d’Erik Satie, composée d’un thème et d’une variation, suivis du même thème et d’une autre variation :152 notes. C’est tout…et c’est beaucoup, car l’ensemble doit être joué 840 fois d’affilée (on ne sait pas pourquoi ce chiffre précis), sans interruption et sans varier l’interprétation ! Imaginez la gageure.

D’autant que l’œuvre doit en principe être interprétée par un seul pianiste. Selon le tempo choisi, elle dure de 12 à…24 heures !! On comprend alors le titre donné par Satie comme une punition aux pianistes récalcitrants. (suite…)