Archive pour la catégorie ‘Some Like It Hot’

Convention citoyenne pour le Climat = 10 %

2 avril 2021,

Enquête de Gaspard d’Allens, Nicolas Boeuf et Léa Dang (Reporterre)
Convention pour le climat : seules 10 % des propositions ont été reprises par le gouvernement

Que sont devenues les 149 propositions de la Convention citoyenne, alors que la loi Climat est en cours d’examen à l’Assemblée ? Reporterre a enquêté sur chaque réponse du gouvernement. Résultat : seules 15 propositions ont été retranscrites. Le détail en infographie, secteur par secteur.
Droit dans son costard, le président de la République l’assurait. C’était sa promesse de départ : « Ce qui sortira de cette Convention, je m’y engage, sera soumis sans filtre soit au vote du Parlement, soit à référendum, soit à application réglementaire directe », annonçait Emmanuel Macron en avril 2019, juste avant le lancement de cette expérience démocratique inédite.
Deux ans plus tard, alors que le projet de loi Climat est en cours d’examen à l’Assemblée nationale, le retour au réel est âpre. Le gouvernement a anéanti le travail réalisé par les membres de la Convention citoyenne. Son texte de loi qui devait concrétiser leurs propositions a été vidé de sa substance ; une réponse à l’image de la politique environnementale d’Emmanuel Macron qui, comme Reporterre le révélait dans une précédente enquête, se traduit par 89 mesures négatives prises depuis 2017.
Contre l’évidence d’un texte de loi dénaturé et décrié par tous, l’exécutif se gargarise de grands mots. La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, martèle qu’il n’y a eu « aucune baisse d’ambition ». Mieux, cette loi s’inscrirait, selon elle, dans « les textes fondateurs de notre République » et serait « une première mondiale ».
Devant la Commission spéciale, à l’Assemblée nationale, elle ajoutait que « s’il y a eu des bougés par rapport à ce que voulait la Convention citoyenne, ce n’est certainement pas pour en changer l’esprit mais pour faire en sorte que l’on puisse le mettre en œuvre de la manière la plus efficace possible ».
Ces propos ont aiguisé notre curiosité. Reporterre a voulu savoir ce qu’étaient devenues, concrètement, les 149 propositions de la Convention citoyenne. Nous les avons examinées une à une, en étudiant à chaque fois les réponses du gouvernement, qu’elles soient d’ordre législatif ou réglementaire, et en interrogeant de nombreux spécialistes dans chaque secteur (logement, agriculture, mobilité, etc.).
Le résultat est sans appel. Il vient faire écho à la réaction des membres de la Convention lors de leur dernière session en février. Appelés à se prononcer sur la manière dont le gouvernement reprenait ou pas leurs mesures, ils lui avaient délivré une note sévère de 3,3 sur 10.
Avec le recul, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’avaient pas tort. D’après nos recherches, 90 % des propositions n’ont pas été reprises par l’exécutif. Cela représente tout de même 134 mesures sur les 149. Seulement 15 ont été retranscrites telles quelles par le gouvernement, dans le respect du « sans filtre ».

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Dossier Énergie 3/4: une installation électrique autonome de secours

16 mars 2021,

Suite du deuxième volet: Du thermique avant le photovoltaïque

Objectif: construire une petite résilience énergétique avec panneau photovoltaïque et batterie

Le but de cette installation solaire de secours est de faire face aux pannes temporaires du réseau électrique national, généralement en raison d’événements climatiques divers:  tempêtes, canicules, ou grand froids, voir le premier volet du dossier. Elle est compatible avec un appartement, si celui-ci dispose d’une fenêtre ou d’un balcon au soleil.

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Dossier Énergie 2/4: du thermique avant le photovoltaïque !

5 février 2021,

suite de l’article Dossier Énergie: le solaire photovoltaïque en France en 2021 (1/4)

Si vous avez un ballon d’eau chaude électrique (cumulus), ainsi qu’une toiture, ou un balcon, ou un bout de mur, ou un bout de jardin bien orientés, mais pas encore de solaire thermique, vous allez d’abord commencer par installer des capteurs thermiques pour chauffer votre eau. Cette installation va vous permettre de faire décroitre votre consommation électrique et votre facture, pour un coût minime, pendant de nombreuses années.

En effet, pour chauffer de l’eau, le rendement d’un capteur solaire thermique est très bon, jusqu’à 80% de l’énergie solaire est récupérée, comparativement aux 20% d’un capteur photovoltaïque dont on prétendrait ensuite utiliser l’électricité pour chauffer de l’eau.

Un principe simple et robuste

Capteurs-plats au sol. Au moins 30 ans sans souci !

Les capteurs solaires thermiques à eau existent depuis le 19ème siècle, et sont industrialisés depuis les années 60. Leur fonctionnement est très simple: dans le système à capteur-plat, on utilise une surface métallique absorbante, noire ou bleue, sous un vitrage, pour profiter de l’effet de serre. Ce métal est soudé à un serpentin de tuyaux, généralement en cuivre, dans lequel circule le liquide caloporteur jusqu’à votre ballon. Bien conçue avec des matériaux de qualité, une telle installation peut durer plus de 40 ans, soit bien plus que votre ballon !

Une nouvelle technologie, à base de tubes de verre sous vide abritant un ensemble caloporteur, permet de gagner un peu plus de rendement, notamment si vos conditions climatiques sont faibles ou très fluctuantes ( ce capteur fonctionne bien également avec des soleils voilés ou intermittents). Il y a plusieurs sous-systèmes différents. Bien vérifier que la panne d’un seul tube ne gène pas la production des autres.  Ne pas hésiter à acheter d’entrée un tube de rechange, qui ne servira peut-être que 10 ans plus tard ! (suite…)

L’État condamné à 1€ dans l’Affaire du siècle

3 février 2021,

L’Etat reconnu responsable de manquements dans la lutte contre le réchauffement climatique

Par un jugement du 3 février 2021, le tribunal administratif de Paris reconnaît l’existence d’un préjudice écologique lié au changement climatique. Il juge que la carence partielle de l’État français à respecter les objectifs qu’il s’est fixés en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre engage sa responsabilité.

En mars 2019, les associations de défense de l’environnement Oxfam France, Notre Affaire à tous, Fondation pour la Nature et l’Homme et Greenpeace France ont introduit quatre requêtes devant le tribunal administratif de Paris afin de faire reconnaître la carence de l’État français dans la lutte contre le changement climatique, d’obtenir sa condamnation à réparer non seulement leur préjudice moral mais également le préjudice écologique et de mettre un terme aux manquements de l’État à ses obligations.

Après avoir jugé que l’action en réparation du préjudice écologique, prévue par le code civil, était recevable et ouverte contre l’État, le tribunal a estimé que l’existence d’un tel préjudice, non contestée par l’État, se manifestait notamment par l’augmentation constante de la température globale moyenne de la Terre, responsable d’une modification de l’atmosphère et de ses fonctions écologiques. Les juges ont ensuite examiné s’il existait un lien de causalité entre ce préjudice écologique et les différents manquements reprochés à l’État en matière de lutte contre le changement climatique. Ils ont retenu que l’État devait être regardé comme responsable d’une partie de ce préjudice dès lors qu’il n’avait pas respecté ses engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

S’agissant de la réparation du préjudice écologique, le tribunal a souligné qu’une telle réparation s’effectue prioritairement en nature, les dommages et intérêts n’étant prononcés qu’en cas d’impossibilité ou d’insuffisance des mesures de réparation. Il a rejeté pour ce motif les conclusions des associations requérantes tendant à la réparation pécuniaire de ce préjudice.

En revanche, le tribunal a considéré que les requérantes étaient fondées à demander la réparation en nature du préjudice écologique causé par le non-respect des objectifs fixés par la France en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Afin de déterminer les mesures devant être ordonnées à l’État pour réparer le préjudice causé ou prévenir son aggravation, les juges ont prononcé un supplément d’instruction, assorti d’un délai de deux mois.

Enfin, le tribunal a estimé que les carences fautives de l’État dans le respect de ses engagements en matière de lutte contre le réchauffement climatique portaient atteinte aux intérêts collectifs défendus par chacune des associations requérantes. Il a ainsi condamné l’État à verser aux associations Oxfam France, Notre Affaire à tous, Fondation pour la Nature et l’Homme et Greenpeace France la somme d’un euro demandée par chacune en réparation de leur préjudice moral.

Lire le jugement n° 1904967-1904968-1904972-1904976

fin du communiqué du Tribunal administratif

Comme notre titre peut sembler défaitiste, si vous voulez voir le verre à moitié plein, prenez un petit moment pour cette vidéo :https://www.youtube.com/watch?v=WTLIYbsnEP8&feature=youtu.be. On peut y ajouter le communiqué du site l’Affaire du siècle :

C’est avec beaucoup d’émotion que nous vous écrivons ce mail aujourd’hui : deux ans après la mobilisation incroyable qui a porté l’Affaire du Siècle, nous avons gagné ! La justice vient de reconnaître que l’inaction climatique de l’État est illégale, que c’est une faute, qui engage sa responsabilité.

C’est une victoire historique pour le climat ! Et cette victoire, c’est grâce à vous, grâce aux 2,3 millions de personnes qui soutiennent l’Affaire du Siècle. Avec ce jugement extraordinaire, dès aujourd’hui, des victimes directes des changements climatiques en France vont pouvoir demander réparation à la France. L’État va donc faire face à une pression inédite pour enfin agir contre les dérèglements climatiquesEt maintenant ?

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Dossier Énergie: le solaire photovoltaïque en France en 2021 (1/4)

5 décembre 2020,

Si l’on veut décroitre nos émissions carbonées et notre dépendance au nucléaire,  la décroissance de notre consommation électrique est incontournable. Une part pourrait s’obtenir par une vraie politique écologique, ce qui n’est pas dans les tablettes du gouvernement actuel. Une autre part peut s’obtenir par la production individuelle, qui oblige à maitriser sa consommation, et qui réduit ou supprime la consommation d’électricité venant du réseau.

Le dossier du Sauvage s’intéressera aux solutions d’autonomisation partielle ou totale à l’échelle du citoyen, dans une optique de résilience, d’autogestion et de décroissance. Nous commençons tout d’abord par une analyse du paysage énergétique électrique en France. Puis une analyse globale du photovoltaïque. Enfin, dans les prochains articles, nous rentrerons dans la réalisation de plusieurs types d’installation.


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Sauver la Convention Citoyenne pour le Climat

1 décembre 2020,

Nous avons signé après avoir écouté Cyril Dion ce matin à la radio.

La crise climatique qui nous attend sera infiniment pire que celle que nous traversons avec la Covid-19 . Elle pourrait tout simplement rendre notre planète inhabitable.

Selon une étude Harris, nous sommes 9 Français sur 10 à penser qu’il est urgent d’agir face au changement climatique. Même le Haut Conseil pour le Climat, mis en place par Emmanuel Macron, estime que « les actions climatiques ne sont pas à la hauteur des enjeux ni de ses objectifs ».

Pour la première fois de l’Histoire, un président français a accepté de faire confiance à 150 citoyens tirés au sort, représentatifs de toutes les réalités du pays. Ils ont travaillé pendant 9 mois pour proposer des solutions, acceptables par tous, afin de réduire nos émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40% d’ici 2030. Mais discrètement, le gouvernement est en train de détricoter et d’affaiblir bon nombre de leurs mesures avant de les soumettre au vote formel des députés ou des Français.

      C’est pourquoi  nous demandons aujourd’hui que le président de la République tienne sa parole et soumette, “sans filtre“, les propositions  de la Convention Citoyenne pour le Climat au référendum, au parlement ou à application réglementaire directe.

Nous ne pouvons plus attendre.

Cyril Dion, écrivain, réalisateur et militant pour l’environnement
Garant de la Convention citoyenne pour le Climat

Décision historique pour le climat

19 novembre 2020,

19/11/2020 https://laffairedusiecle.net/une-avancee-historique-pour-la-justice-climatique
Ce matin à 9h30, le Conseil d’Etat a rendu une décision véritablement historique pour la lutte contre la crise climatique : il met l’État face à ses responsabilités en considérant que les objectifs de réduction de gaz à effet de serre fixés par la loi sont contraignants. Répondant au recours climatique de la commune de Grande-Synthe, que soutient l’Affaire du Siècle, la plus haute juridiction administrative a donné 3 mois à l’État pour montrer que les actions mises en place sont suffisantes pour les atteindre.
Décryptage de cette décision qui rebat les cartes de la politique climatique pour la France avec Guillaume Hannotin, avocat au Conseil d’État et à la Cour de cassation, qui représente l’Affaire du Siècle dans le dossier de Grande-Synthe.
Le Conseil d’Etat dit en substance à l’État de respecter la loi, en quoi est-ce révolutionnaire ? (suite…)

Train contre avion : la nécessaire réorganisation des transports

29 avril 2020,

Réseau Action Climat

par Jean-Marc Tagliaferri, Ingénieur INSA

1) L’État annonce 7 milliards d’euros pour « sauver » Air France – KLM

Comme tout plan gouvernemental, c’est avant tout un effet d’annonce car il va déjà falloir que le gouvernement trouve l’argent avant de le dépenser et pour l’instant à part une augmentation de l’endettement, aucune mesure n’a été annoncée pour augmenter les recettes publiques déjà affectées par la baisse d’activité.

On nous annonce 350 000 emplois à sauvegarder. Comme d’habitude on mélange les carottes et les lapins. Il y a 6 mois le secteur hurlait encore sur la pénurie “dramatique” de pilotes face à sa prétention de vouloir doubler le trafic aérien. Voilà donc un problème normalement définitivement réglé ?

Par ailleurs il y a une grande partie d’emplois administratifs et parmi les Personnels Navigants Commerciaux (PNC), qui peuvent être reconvertis dans des tas d’autres activités… si l’activité générale redémarre. Il est clair que faire le service à la place dans un avion et dans un TGV, ou de gérer des stocks de pièces détachées, ce n’est pas fondamentalement différent. Il y a des reconversions au sein d’une même structure qui réclament bien plus d’adaptation !

Se pose donc la question du devenir du secteur entier de l’aérien français ou européen: puisque nous sommes écolos et pour la décroissance de l’empreinte écologique, il est clair que ce secteur est très mal parti. 

2) La diminution du volume d’activité du transport aérien français

Nous pouvons agir à l’international en augmentant le trafic ferroviaire vers les hubs voisins afin de pouvoir diminuer nos vols internationaux et imposer en réciprocité la diminution des autres vols internationaux . (suite…)

Résistance climatique

23 mars 2020,

Nous avons lu sur le site de Reporterre :

Je ne crois pas que le changement climatique et l’effondrement de la biodiversité soient des fatalités. Nous les avons créés. Nous pouvons y mettre fin. En modifiant radicalement nos modes de vie et de fonctionnement, nous pouvons inverser la tendance. Nous pouvons construire des sociétés prospères et heureuses en consommant dix fois moins d’énergie et ainsi « sauver » le climat et la biodiversité.

Force est de constater que ce n’est pas la trajectoire actuelle. Cette bataille semble perdue, c’est qu’elle n’a jamais été réellement tentée. Nous contemplons la dégradation rapide de la situation, comme si nous étions impuissants.

Nous avions l’excuse d’attendre que les politiques gèrent le problème. Encore récemment, les États ont pris des engagements lors de l’accord de Paris sur le Climat. Nous voyons que ces engagements ne sont pas tenus, alors même qu’ils étaient insuffisants pour maintenir le réchauffement en deçà de 2°C. En ce domaine, les discours et les actes semblent « déconnectés ». Entrons en résistance climatique