Un autocar trace sa route au flanc d’une colline du Moyen-Orient, il avance seul dans le paysage rocailleux que l’on surplombe. Avec confiance il emmène vers la mort une vingtaine de braves gens sûrs de leur bonne foi. Parmi eux une jeune femme n’aura la vie sauve qu’en brandissant sa croix. Le car avance bravement. Tout comme le film « Incendies » du canadien Denis Villeneuve qui nous entraîne avec un talent immense, car il sait rester débonnaire et pudique, dans le dévoilement d’un destin extrême.
Un film d’une grande force tout d’abord par une histoire personnelle qui se confond avec une contrée qui pourrait être n’importe quel pays du Moyen-Orient, mais surtout par l’intérêt, la justesse du scénario, le talent des acteurs et le dépouillement évocateur des images ; un film magistral reprenant une pièce de Wajdi Mouawad, libanais parti en exil dans son enfance, et qui parvient à ne jamais tomber ni dans la diatribe politique ni dans le scabreux du destin subi.
On ressort de ces deux heures sidéré, pétrifié comme la femme mûre qui prend soudainement la pleine mesure de ce destin. Courrez-y, c’est un chef d’œuvre.
Nicole Aussedat