Par Charles Ribaut
Les récentes manifestations alertant sur la menace du changement climatique ont permis de tester la créativité et l’humour des jeunes générations. De nombreux sites présentent leur sélection de photos de pancartes ou simplement de slogans : j’ai cédé à la tentation de présenter ma propre sélection.
Dans le genre sérieux, et même profond, on peut retenir :
– On ne se bat pas pour la Nature, nous sommes la Nature qui se défend.
Plus classique mais qui a fait ses preuves
– Je suis tellement inquiète que j’ai fait une pancarte
La force anglo-saxonne de l’understatement
– Je m’intéresse bcp à l’avenir car c’est là que je compte passer le reste de mes jours
L’enfant de parents inquiets, attendrissant (suite…)
(d.r.)
par Alain Hervé
Plus que les grands philosophes, plus que mon éducation familiale, plus que mes études, plus que les hasards professionnels … je crois que les aventures de Tintin ont eu une influence déterminante sur ma vie. J’ai un Tintin caché dans ce qu’essentiellement je suis et dans ce que j’ai entrepris. Il ne m’apparait qu’épisodiquement lors de la relecture accidentelle d’un de ses albums par dessus l’épaule d’un de mes neveux. Auxquels je dois admettre que je les offre comme pour recommencer mon enfance.
Tintin est mon contemporain à quelques années près. J’ai porté des pantalons de golf, prêt à monter sur le premier cargo au bout du quai, ami complice des chiens, épaté par les récits invraisemblables des capitaines Haddock de ma famille. Il y en a eu, même sans whisky…
La vie m’est apparue comme un récit prodigieux à inventer. Je suis devenu journaliste, redécouvreur de ma planète et des olibrius qui la peuplent. Je n’ai jamais pu prendre au sérieux les utopies qui s’y développent et ceux qui les chantent. De quelque couleur qu’elles soient. J’attends toujours de tourner la page et de découvrir la suite.
Tintin ne nous a pas raconté comment il était mort. Je ne le ferai pas non plus. Il a atteint quatre vingt dix ans. J’y serai bientôt.
par Marjorie Jouen
Carpaccio
En ce samedi au ciel plombé légèrement humide, la place où se tient habituellement le marché est vide : la Mairie de Paris les a tous annulés. Sur les portes des magasins barricadés ou sur les rideaux métalliques baissés, de petites affichettes annoncent la fermeture exceptionnelle « par précaution » ou « en raison des manifestations ». Depuis des lustres, on n’avait pas vu si peu d’automobiles circuler, surtout dans les quartiers de Paris-villages, peu connus des habitants des « périphéries intérieures » de la France où l’on est accro au diesel volens nolens. De temps en temps, au loin, on voit passer un gilet jaune : manifestant égaré ou cycliste soucieux de sa sécurité ?
La journée se passe cahin-caha en slalomant entre les lignes de métro qui ne marquent pas l’arrêt dans les stations de la zone rouge et en renonçant à prendre le bus car la plupart ont vu leur tracé amputé. Alors on marche … et l’on se dit que si faute d’achats de Noël, le PIB n’enregistrera pas de hausse spectaculaire ce jour, on aura aussi fait pas mal d’économies d’énergie avec tous ces magasins à l’arrêt.
Et puis, on apprend le lendemain qu’il y a quand même eu des violences. Les casseurs ont à nouveau détruit des magasins à proximité des Grands Boulevards ; ils ont dévalisé un magasin de lunettes et pillé tous les stocks d’un bottier de luxe mais, après avoir fracassé la vitrine d’une librairie, ils n’ont rien touché à l’intérieur. Par respect ? Vous voulez rire !
par Christophe Chelten
Grand corps sans tête, les gilets n’ont de capacité de s’exprimer que par leur nombre. S’ils maigrissent, quelques agitateurs casseurs peuvent les parasiter. Ce fut le cas hier sur les Champs Elysées lorsque des nostalgiques de mai 68 arrachèrent trois pavés à titre symbolique et saccagèrent un chantier et des terrasses de restaurant pour jouer à faire une barricade. De quoi donner à manger aux centaines de caméras affamées d’images pittoresques ou dramatiques.
Les frais de remise en état après le spectacle seront réglés par le contribuable. C’est à dire les gilets jaunes.
Où l’on découvre la situation paradoxale de ce mouvement de protestation légitime. Menace colossale par le nombre mais impuissant s’il rencontre un pouvoir déterminé.
En l’occurrence, ledit pouvoir, plutôt que de réprimer la poignée de casseurs, a laissé pourrir la situation pour que le discrédit atteigne tous les gilets jaunes. Journée de dupes.
par Christophe Chelten
Ces jeunes femmes qui malgré le froid, se précipitent torse nu dans le cortège Trumpien du 11 novembre sur les Champs Elysées brisent la célébration absurde du centenaire d’une “victoire” résultant de millions de morts.
A la litanie pompeuse glacée des éloges militaires, elles ajoutent enfin une dimension sensible de corps vivants chauds. Quel que soit leur propos.
On les accuse de provocation “sexuelle”. Mais le bazar officiel sous l’Arc de Triomphe est une provocation capitale. Une célébration de la paix sans avouer le meurtre de millions de femmes et d’hommes pendant quatre ans.
La justice peut consacrer plusieurs années au procès d’un seul assassin, d’une femme battue qui tue son mari. Mais il n’y a pas de procès pour ceux qui en ont tué des millions.
Carpaccio
Le petit griffon.
Accademia, Venise
par Christophe Chelten
Comme il est discret sur ce qu’il se passe au Vénézuela notre Mélenchon.
On attend de vertueuses protestations: rien, silence. Il préfère insulter les gens du Nord qui l’ont renvoyé à ses études. Curieuse destinée que celle de cet homme de talent qui devient un autre batteur d’estrade du genre de Cohn-Bendit.
Ils sont intelligents, beaux parleurs, enivrés de leur succès devant un petit auditoire mais incapables de convaincre un électorat national. Dommage.
D’autres très beaux parleurs tels Hubert Védrine savent garder la distance et attendre que l’on fasse appel à leur savoir faire. La politique française nous distrait faute de savoir traiter les vrais problèmes de notre avenir.
Pucinella de Gian Domenico Tiepolo au plarond de la Ca Rezzonico à Venise
par Alain Hervé
Macron ne pouvait pas dans sa logique jupitérienne laisser place vide derrière Hulot. Il lui fallait un bouche trou plausible. Son choix est le moins pire de ceux proposés. Certes on le sait le ministère de l’écologie sert à ne pas aborder le fond du problème, le retournement de la politique de croissance. C’est un paravent de papier crépon devant ce que devra être un programme écologique décisif.
Bref on découvre en remontant l’histoire de l’élu de Rugy des prises de position intelligentes et assez radicales, (voir son wikipédia). Ses convictions écologiques sont certaines. Il les a exprimées dans son attitude à Nantes. Avec lui la” transition écologique”peut éventuellement prendre un sens. Reste à savoir quelle sera sa détermination pour la mettre en oeuvre. Sera-t-il aussi habile et opportuniste que pour la poursuite de son plan de carrière menée avec maestria?
Quelle force de caractère dissimule cet homme? Nous le saurons rapidement.