Amicale intergalactique

3 avril 2024,

Dessin de Laurent Davezies

 

Par Gabriel Peynichou

Le but de l’Amicale consiste à mettre en place des outils de communication entre des humains et des espèces douées de raison aussi bien terrestres qu’extraterrestres,

En effet comment prétendre accueillir d’une manière décente des habitants d’une autre planète alors que nous sommes incapables de dire bonjour à un poulpe ?

Et s’il n’y avait que des poulpes… La liste des dits animaux dont nous subodorons l’intelligence est longue : corbeaux, corneilles, dauphins, chats sans compter les insectes ”sociaux” de type fourmis ou abeilles entre autres.

En ce qui concerne les extraterrestres quatre hypothèses sont envisageables :

  • Soit ils sont déjà là et éventuellement depuis longtemps, (oui j’ai toujours su, Olivier tu peux enlever ce déguisement ridicule) avec dans le meilleur des cas la motivation de venir sur terre comme nous nous allons voir des comédies burlesques.
  • Soit suivant l’hypothèse de Stephen Hawking, ils arrivent sur notre planète avec une considérable avance technique sur nous, celle qui leur a permis de faire le voyage. En conséquence, ils nous considèrent comme des sortes de bestioles nuisibles dont on ne peut rien attendre et qu’il faut éradiquer pour rendre la planète habitable.
  • Soit on est trop loin et personne ne va faire un voyage dans la grande banlieue de notre galaxie pour voir des ploucs infréquentables.
  • Soit ils vont venir un de ces jours et en attendant, arrêtons (pas trop vite) les poulpes à la sauce tomate et essayons de communiquer avec eux pour nous préparer.

Ce texte a pour objet de permettre à ceux d’entre nous qui ont une expérience de communication avec des habitants non humains de cette planète  ou d’une autre,  de la partager avec les autres membres de l’amicale. Il suffit pour cela d’en faire un récit.

En attendant d’organiser des grandes rencontres intergalactiques dans les Cévennes, exprimez-vous !

PS1

Est-il nécessaire de discuter de la pluie et du beau temps avec des poulpes alors que notre planète compte plusieurs dizaines de conflits ayant pour conséquence la mort épouvantable et prématurée de milliers de malheureux ? Ne devrions-nous pas, en tous cas dans un premier temps, améliorer la communication entre humains ?

Mon hypothèse est que tous cela est lié : ce que nous faisons aux animaux nous le faisons aux humains. Quand on envoie des animaux à l’abattoir dans des trains, on va faire subir le même sort à des populations entières. La cruauté est malheureusement le comportement humain qui transcende la barrière des espèces.

PS 2

S’intéresser aux représentations de la vie, c’est aussi porter un regard réflexif sur notre société, notre culture. Quelle conception de la vie est-elle mobilisée de façon consciente ou inconsciente dans les laboratoires de recherche ? Qu’est-ce qu’un biologiste ou un chimiste ont en tête lorsqu’ils parlent des «êtres vivants» ? Ces questions sont fondamentales car nous devons imaginer des organismes qui pourraient être totalement différents de ce que nous connaissons sur Terre et néanmoins bien « vivants ». C’est notamment ce que fait l’exobiologie, une approche interdisciplinaire étudiant plus généralement les conditions d’apparition de la vie et de son évolution dans l’Univers. La science-fiction est une ressource passionnante dans ce cadre car elle met en scène des extraterrestres dans leur environnement naturel mais aussi social, politique et technologique. Elle permet de réfléchir aux liens entre biologie et culture au sens large.

Perig Pitrou, anthropologue

PS 3

J’ai vu sur le net une poule qui, sur un petit piano joue l’hymne National des États Unis d’Amérique.

Depuis que l’humanité a mis des animaux dans des cirques nous nous extasions devant des ours qui dansent, des lions qui sautent à travers des cerceaux en feu et depuis quelques temps sur des poulpes qui circulent dans des labyrinthes et autres corneilles qui résolvent des équations.

Si l’on considère la définition de Jean Piaget en ce qui concerne l’intelligence :

« Un état d’équilibre maximum entre un organisme vivant et le milieu. Cette adaptation s’acquiert selon différentes formes ou structures. Ainsi, l’adaptation mentale est un prolongement de l’adaptation biologique. »

On peut en déduire que le fait de jouer l’hymne national des USA n’est peut-être pas un savoir qui participe à l’adaptation des gallinacées à leur milieu naturel, serait-ce un poulailler.

Le dauphin qui joue aux quilles ne nous prouve pas ainsi son intelligence ; il manifeste par là son envie de faire plaisir à son partenaire humain. Il en va de même des poules mélomanes et autres corneilles.

Bien sûr si la reproduction de gestes souhaités par le partenaire humain a pour résultat l’obtention d’une récompense, on peut considérer qu’il s’agit d’une adaptation réussie à un environnement du type cirque ou laboratoire.

Mais au-delà du désir de plaire aux humains (ce qui est mon hypothèse), il existe peut-être une logique au comportement de certains animaux qui nous échappe : par exemple, nous ne pourrons jamais voir la mer avec les yeux d’un poulpe.

Ouvrons une petite parenthèse. L’essentiel de mes lectures ont à voir avec la philosophie. Si mes centres d’intérêt relevaient de la médecine comme  pour mon épouse, je ne lirais pas Hippocrate mais des auteurs modernes ; en revanche moi je lis des philosophes qui ont vécu il y a 2500 ans environ.

Voilà où je veux en venir : je n’ai aucune idée de la vie quotidienne d’Épicure et pourtant je considère son œuvre avec l’enthousiasme qui était  celui des disciples qui l’ont côtoyé. L’exercice de la philosophie suppose donc de trouver une rationalité là où le rapport au monde de ceux qui sont l’objet de nos études nous est inconnu.

Pour conclure cette deuxième contribution : la démarche philosophique permet peut-être d’apprendre à regarder la mer comme un poulpe, de la même manière que nous lisons Épicure en entrapercevant les oliviers qui ombrageaient son jardin.

PS 4

Quelques animaux semblent se comporter dans leurs relation avec l’espèce humaine comme si leur interaction n’était dictée ni par un apprentissage ni par un dressage ni par l’espoir d’obtenir une récompense.

C’est peut-être en identifiant ce type de phénomène que nous pourrons commencer à identifier des logiques non humaines.

Par ailleurs hiérarchiser des pratiques autonomes animales en fonction de notre conception de l’intelligence ne devrait avoir pour conséquence que la découverte de ce que nous savons déjà

« Pendant longtemps, les études sur l’intelligence animale se faisaient à l’aune de l’intelligence humaine et étaient donc biaisées. Depuis une trentaine d’années, les recherches mettent en avant le fait que les intelligences animales ne peuvent pas être classifiées et que l’intelligence humaine ne peut pas être prise comme référent. À l’occasion de la journée mondiale des intelligences animales, organisée par la journaliste Yolaine de la Bigne, créatrice du site L’animal et l’homme, les chercheurs insistent sur les intelligences animales : elles sont aussi plurielles qu’il y a d’animaux. “Ce n’est pas forcément notre intelligence qui est la plus performante. Par exemple, les oiseaux migrateurs ont des capacités bien plus importantes pour se repérer dans l’espace. Les chimpanzés sont bien meilleurs botanistes que nous – chez nous, il y a très peu de gens qui sont bons en botanique, alors que quasiment tous les chimpanzés le sont”, affirme Sabrina Krief, professeure au Muséum national d’histoire naturelle et spécialiste des grands singes. “Tous les animaux sont dotés d’intelligence avec plus ou moins de variabilité, plus ou moins de diversité, plus ou moins de succès par rapport à leurs objectifs et à la résolution de problèmes. Il y a une telle diversité dans ces capacités que, pour moi, cela n’a pas de sens de comparer ou de hiérarchiser“, confirme Emmanuelle Pouydebat, directrice de recherche au CNRS et spécialiste de l’évolution des comportements animaux.

Maïwenn Bordron

Au-delà de savoir si les animaux sont meilleurs que nous dans un domaine ou un autre la question devrait être de savoir si leur système logique n’est pas complètement autre que le celui qui structure nos raisonnements.

Alors existe-t-il un espoir que nous puissions comprendre cet autre, puisque après tout nous relevons  du règne animal.

Trois pistes permettent de répondre positivement à cette question

  • Les historiens sont souvent confrontés à des comportements passés totalement inexplicables. Jean Louis Flandrin qui a profondément renouvelé l’histoire de la famille, de la sexualité et de l’alimentation avait coutume,  pour expliquer le caractère historique de nos pratiques sexuelles, de raconter des épisodes de certains romans de chevalerie où les héros en essayant de faire cohabiter leurs désirs sexuel avec leur foi chrétienne se livraient a des acrobaties absurdes aujourd’hui.
  • La logique Aristotélicienne est encore celle qui est la plus évidente, nous en avons inventé d’autre La sémantique générale élaborée par Alfred Korzybski par exemple propose une forme de pensée non aristotélicienne.
  • Et enfin la philosophie qui essaye de resituer les idées des auteurs de l’antiquité dans leur monde

gabrielpeynichou (à) gmail.com