Archive pour la catégorie ‘Gloire à nos illustres pionniers’

50 ans du Sauvage: le numéro 6 de Sept/Oct 1973 : la bagnole

23 décembre 2023,

C’est un grand cru du Sauvage: un numéro entièrement consacré à la voiture.

Replongeons nous dans le contexte de 1973. Le pétrole coule à flots, et à bas coût. En France, une urbanisation galopante se déploie autour des “besoins” de l’automobile, qui est alors considérée comme le principal vecteur du développement économique et de la liberté. Les constructeurs envisagent une croissance gigantesque et investissent des sommes folles vers une automatisation de la production.  Des autoroutes sont en chantier partout, et enrichissent un secteur économique très proche des milieux politiques.

La pollution est désormais omniprésente, particulièrement dans les grandes villes.  Les moteurs ne sont pas optimisés et consomment des quantités énormes, les échappements sont sans filtre, les carburants contiennent des additifs très toxiques comme le plomb (essence) ou le soufre (diesel). A Tokyo, cela fait déjà 6 ans que l’on installe des distributeurs d’oxygène dans les rues les plus polluées.

Les écologistes ne cessent de mettre en garde contre les méfaits de la pollution de l’air, mais aussi contre le “tout-automobile”, qui détruit les paysages et les vieux quartiers, qui paralyse les centres urbains.  Alain Hervé, rédacteur en chef du Sauvage, va titrer ce sixième numéro “Faut-il fermer Renault ? “, un titre provocateur qui va attirer de nouveaux lecteurs vers le Sauvage. Au delà de la dénonciation de la pollution, ce numéro porte l’attention sur l’emprise mentale de la bagnole, sur les conséquences politiques et sociales de la l’automobilisation du monde.

Le premier grand article est signé d’André Gorz (sous le pseudo Michel Bosquet) et donne le ton. “Mettez du socialisme dans votre moteur !”. Cet article, magnifiquement illustré par Daniel Maja, est toujours abondamment cité partout dans le monde, sous le titre “L’idéologie sociale de la bagnole“. Les éditions Dixit.net viennent même de le republier cette année 2023 en petit livret. Suivent six autres grands articles consacrés à la voiture et aux transports en commun.

Le Sauvage donne ensuite la parole à Ivan Illich, qui promeut l’autonomisation et la responsabilisation des sociétés face à la technologie et à l’industrie. Suivent des articles sur le solaire et le nucléaire, déjà enjeux politiques et économiques majeurs.

On trouve aussi des témoignages de vie, un reportage sur la pollution au mercure au Japon, et, comme souvent dans Le Sauvage, des articles sur la consommation et l’alimentation.  Avec ce sixième numéro, Le Sauvage atteint une qualité et diversité qui construit peu à peu sa notoriété dans le champ citoyen, et va permettre la mise en place de candidatures écologistes à toutes les prochaines élections.

Téléchargez Le Sauvage n°6 Septembre Octobre 1973.

(PDF , fichier de 136 Mo)

Entrevue avec Pierre Lieutaghi en 1975

24 novembre 2023,

Entrevue avec Pierre Lieutaghi, par Alain Hervé, publiée sur 10 pages dans le numéro 20 du Sauvage d’avril 1975.

Hommage illustré par Daniel Maja. Une partie des dessins qui l’illustrent ont paru dans le livre: Le petit Thoreau illustré aux éditions du Ruisseau (2021)

(Vous pouvez agrandir les images en cliquant dessus)

 

CONVERSATION AVEC UN BOTANISTE

Pierre Lieutaghi, faisons connaissance, qui êtes-vous ?

J’ai trente-cinq ans, je vis ici en haute Provence depuis neuf ans. A Paris, où j’habitais auparavant, j’avais fait des ateliers d’art. J’étais peintre. Je suis né en Bretagne, j’y ai vécu quinze ans. Je suis Breton par ma mère, Chinois par mon père. J’ai pris goût à la nature là-bas, grâce sans doute à une tendance native et à des rencontres, des instituteurs qui mettaient déjà l’accent sur les problèmes de la protection-pollution de la nature. J’ai eu un prof à Quimper qui s’appelait Michel-Hervé Julien. Il a lancé l’idée des parcs nationaux en France. Il était à l’époque professeur de musique et se passionnait pour la protection de la nature. Alors que le professeur de sciences naturelles ne s’intéressait pas tellement à ces questions. Lui, le prof de musique, nous emmenait faire des promenades au bord de la mer, le dimanche, et nous apprenait à baguer les oiseaux. Il était ornithologue amateur. Plus tard, il est entré au Muséum de Paris. Il est mort beaucoup trop tôt, malheureusement.

Comment naît votre intérêt pour les plantes ?

Je m’y suis intéressé après les oiseaux. Vers 1960, j’ai eu un coup de foudre, sans doute à cause d’un problème de santé. Je croyais que je ne pourrais plus courir la campagne et j’ai pensé que les plantes seraient plus accessibles. C’est venu assez brutalement. J’ai acheté une flore de Bonnier, j’avais vingt et un ans. J’ai passé tout mon été en Bretagne à étudier les plantes, puis j’ai monté un petit herbier. Ça a commencé comme ça. Je me suis mis à faire de la botanique en amateur et, à côté de cela, je faisais de la peinture. A l’époque, je faisais autant de botanique que de peinture. Dès que j’étais à la campagne, je ramassais des plantes. En même temps, je lisais des bouquins sur l’écologie. En fait, l’écologie a récupéré tous ceux qui s’occupaient de sciences naturelles, Les gens qui étaient botanistes ont fait de l’écologie végétale, les zoologistes se sont mis à faire de l’écologie animale, Ils s’appelaient naturalistes, maintenant ils se donnent le nom d’écologistes ; c’est un terme plus vaste qui englobe davantage d’éléments, et qui pose mieux son spécialiste. Et puis je me suis intéressé aussi aux plantes médicinales.

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Pierre Lieutaghi: “L’intelligence artificielle se contrefout du réchauffement”

23 novembre 2023,

Suite de notre hommage à Pierre Lieutaghi, voici deux vidéos récentes.

Dans cette vidéo de 2021, il s’adresse à l’association des Journalistes- Écrivains pour la Nature et pour l’Écologie, avec un texte sur les plantes qui résume sa pensée en 2021,  commençant par la notion de nature, jusqu’à l’Intelligence Artificielle, “qui se contrefout du réchauffement”, en passant par la dénonciation des monocultures qui assoiffent la planète. La pensée profonde d’un grand écologiste.

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Un grand ethnobotaniste et un ami : Pierre Lieutaghi

23 novembre 2023,

Pierre Lieutaghi nous a quitté, le 14 novembre dernier.

Il était un trésor vivant. Un très grand ethnobotaniste, mais pas seulement. Pierre Lieutaghi était un ami. Il tenait une chronique dans le Sauvage des débuts. En 1975, Alain Hervé, rédacteur en chef du Sauvage, l’avait interviewé sur pas moins de 10 pages, que nous republierons bientôt.

Pierre Lieutaghi a écrit une vingtaine d’ouvrages incontournables pour qui s’intéresse aux simples, aux arbres, à toute forme de vie végétale, à leur histoire et à leurs usages dans l’évolution humaine.

Ses livres passionnants étaient empreints d’une compréhension profonde des relations immémoriales entre les humains et le végétal.

Quelques livres parmi la vingtaine d’ouvrages de Pierre Lieutaghi (cliquer pour agrandir)

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50 ans du Sauvage: le numéro 3 de l’été 1973

17 septembre 2023,

Nous diffusons aujourd’hui le PDF du numéro 3 du Sauvage, de juin-juillet 1973, titré “Travailleurs de tous les pays, reposez-vous !”. Ce numéro résonne particulièrement bien 50 ans plus tard, à  l’heure de la “bifurcation” qui agite les milieux du travail.

On y trouve, entre autres articles sur la consommation, sur les essais nucléaires français, sur la répression des Indiens aux USA, sur la captation de terre par l’armée ou l’urbanisation sauvage, une généreuse tribune de Konrad Lorenz contre la croissance et la destruction de la nature, ainsi qu’un éloge inconditionnel du vélo par Serge Moscovici, théoricien de l’écologie politique et pionnier de l’écoféminisme.

Le PDF du numéro peut se télécharger ici ( PDF-39 Mo)

François Roddier

30 août 2023,

François Roddier nous a quittés. Le Sauvage avait eu l’occasion de mentionner son nom et l’apport de sa pensée à trois reprises, à propos du transhumanisme, des singularités et de l’évolution. Les fidèles de son blog (il y en avait forcément) savaient depuis quelques mois qu’il n’allait plus assez bien pour continuer à nous faire profiter de ses réflexions. Nous ne savons pas combien de temps ce blog sera encore accessible et le plus simple nous a semblé d’en recopier la dernière page, pour laquelle nous remercions ses proches.

Aux lecteurs de François.

Il nous a quittés en ce mois d’août. Je vous remercie de l’intérêt que vous avez porté à ses travaux, et à travers lequel, en le (re)lisant, vous continuez à le faire vivre. S’il a marqué par sa recherche en astronomie et son lien avec ses étudiants, ses années de retraite ont été enrichies par les lectures et réflexions inscrites sur ce site au fur et à mesure qu’il les élaborait.

Je dépose ci-dessous quelques liens aux présentations disponibles dans lesquelles il a résumé sa pensée post-retraite. D’autres liens, pdf, et autres documents sont présents dans les billets mêmes.

Claude Roddier

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Quelques conférences qui existent sur YouTube:
La thermodynamique de l’évolution : du Big Bang aux sciences humaines (Institut d’Astrophysique de Paris, 5 octobre 2010) 90′
La thermodynamique des transitions économiques (Shift Project, 12 mars 2015), 77′
Thermodynamique et évolution (Observatoire Midi-Pyrénées, 19 septembre 2017), 74′
Thermodynamique et économie (École des Mines Paris Tech, 12 avril 2018), 30′

Ces trois articles disponibles en ligne publiés dans la revue Res-Systemica de l’AFSCET:
« Thermodynamique et économie, Des sciences exactes aux sciences humaines » (2014)
« La thermodynamique des transitions économiques » (2015)
« L’équation de van der Waals appliquée à l’économie » (2017)

Ses chapitres publiés dans ces collections:
Sous la direction de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Aux origines de la catastrophe: Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? (Les liens qui libèrent, 2020)
Sous la directions d’Agnès Sinaï et Mathilde Szuba, Politiques de l’Anthropocène: Penser la décroissance. Économie de l’après-croissance. Gouverner la décroissance (Les Presses de Sciences-Po, 2021)

Ses livres sur la thermodynamique, disponibles aux éditions Parole:
Le pain, le levain, et les gènes (2007)
Thermodynamique de l’évolution: un essai de thermo-bio-sociologie (2012)
De la thermodynamique à l’économie (2018)
The Thermodynamics of Evolution, trans. Steve Ridgway (2020)

et cet article récent en anglais, co-écrit avec Mireille Roddier qui répondait à la question de Didier Pillet, « Alors que l’accès à l’énergie se restreint, l’économie mondiale est-elle à la veille d’un changement systémique ? »:
« Energy flows and the self-organization of societies as dissipative structures » (Annales des Mines, 2023)

ainsi que ce bel article de Matthieu Auzanneau dans Le Monde, lors de la parution de Thermodynamique de l’évolution:
« François Roddier par-delà l’effet de la Reine Rouge” (Le Monde, 30.10.2013)

Mai-Juin 1973, Le Sauvage n°2: La grande crise de l’énergie.

13 juin 2023,

Nous diffusons aujourd’hui le PDF du numéro 2 du Sauvage, de mai-juin 1973, titré “La grande crise de l’énergie”. Comme vous pouvez le voir, nous sommes toujours dans une grande crise de l’énergie !

“Dans les quelques années qui viennent, il nous faut accepter la possibilité de pénuries d’énergie sporadiques et une certaine hausse du prix de l’énergie. […] La production intérieure disponible de pétrole n’est désormais plus capable d’en suivre la demande” déclare Richard Nixon, président des Etats-Unis, en avril 1973, au moment où l’équipe du Sauvage préparait le numéro de Mai Juin.

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Les véhicules électriques sans batterie, l’avenir du transport de passagers et de fret.

22 mai 2023,

Tout le monde ou presque connait les trolleybus, ces autobus électriques sur roues qui prennent leur 600 volts sur des lignes aériennes tendues dans les rues ou le long des routes. De nombreuses villes dans le monde ont toujours leur trolleybus depuis plus d’un siècle, comme Lyon par exemple. En Europe,  la plupart des villes ont ouvert des lignes juste après la Seconde Guerre mondiale, et beaucoup les ont abandonnées dans les années 70, souvent pour des raisons esthétiques.

Deux trolleybus dernier cri à grande capacité, en Suisse. Il existe aussi des trolleys à 3 rames.

Du point de vue du rendement, c’est une solution extrêmement performante. Pas de lourde batterie à transporter. C’est juste une caisse sur roues et un moteur. Pas de rails à installer dans des travaux longs et coûteux. Pas de lourdes motrices et wagons à mouvoir comme pour les tramways. Démarrage plus rapide qu’un tramway. Durée de vie deux fois supérieure à celle d’un bus à moteur thermique. Freinage électrique, qui limite la pollution en nano-particules de plaquettes de freins. Possibilité d’être autonome sur quelques kilomètres pour éviter des travaux ou rejoindre d’autres lignes.

De plus, les trolleybus de dernière génération restituent de l’électricité au freinage et à la descente, ce qui les rend particulièrement économiques en énergie. La durée de vie moyenne d’un trolleybus est de 25 ans et pourrait facilement être doublée ou triplée, avec un entretien très réduit comparativement aux bus à pétrole ou aux bus électriques à batteries.  Car les batteries nécessitent un entretien très pointu, aussi bien pour des raisons de sécurité que de durabilité. N’oublions pas aussi le poids géopolitique, social et environnemental de toute la filière de production du lithium, du nickel et surtout du cobalt, sans parler de la filière de recyclage qui n’existe pas encore. De toute façon, il n’y aura pas assez de ces métaux pour convertir la flotte thermique mondiale actuelle, 2 milliards de véhicules, en flotte électrique à batterie.

 

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Le Sauvage a 50 ans !

27 mars 2023,

 

Il y a cinquante ans, au printemps 1973, est publié le premier numéro du magazine écologiste Le Sauvage.

La genèse du Sauvage remonte en réalité à 1972, une année où les thèses écologistes émergent dans la presse grand public, à la suite de la publication, l’année précédente, du rapport Meadows, initiative du Club de Rome confiée au MIT.

 

En janvier 1972, le manifeste d’Edouard Goldsmith, fondateur franco-anglais de la revue anglaise « The Ecologist » en 1969, titré « Changer ou Disparaître, Plan pour la survie », est publié dans sa revue, puis diffusé en 17 langues à toute la presse mondiale, envoyé aux dirigeants du monde entier.

 

 

Le livre sur la démographie, du professeur de Stanford, Paul Ehrlich, « La bombe P », qui annonce en couverture que le monde aura 7 milliards d’habitants en l’an 2000, est publié en français par « Les Amis de la Terre ». Il promeut une croissance zéro pour faire face au manque de ressources. La presse française en fait écho, et l’ouvrage suscite de nombreux débats.

 

 

 

En mars, le rapport commandé au MIT en 1970, dit «Rapport Meadows » est publié pour le grand public sous le titre de « The Limits to Growth ». Le rapport provoque instantanément de multiples controverses dans les milieux économiques, car il rappelle que les ressources terrestres sont limitées, et que le début du 21ème siècle verra une décroissance mondiale inévitable et définitive de la production, et donc, de la consommation, puis de la population.

 

 

En avril, à Paris, 10 000 cyclistes défilent sur les Champs Élysées (voir notre article en 2022) pour protester contre la pollution de la voiture et l’urbanisation dédiée à la voiture.

En mai, sort en plusieurs langues le livre de Barbara Ward et René Dubos « Nous n’avons qu’une Terre ». Ce livre contient le rapport qui sera utilisé pour le premier Sommet de la Terre à Stockholm, qui se tiendra en juin 72, avec 113 pays préoccupés de causes environnementales. En juin est publiée la déclaration finale du Sommet,  exemplaire de clarté, toujours adéquate cinquante ans plus tard. (1)

 

 

 

C’est dans ce contexte, qu’Alain Hervé, un des principaux fondateurs du mouvement français des Amis de la Terre, pousse les gérants du Nouvel Observateur à publier un numéro « Spécial Ecologie ». Ce numéro sort en juin avec le titre « La dernière chance de la Terre». André Gorz y signe un grand article de fond « Les démons de l’expansion », sous le pseudonyme de Michel Bosquet . On y trouve également des extraits du rapport Meadows. Le numéro aura un grand succès avec plus de 250 000 exemplaires vendus. Voir notre article sur ce numéro en 2022.

 

Fin juin, la version française du rapport Meadows est publiée sous le titre «Rapport sur les limites à la croissance », inclus dans un ouvrage collectif nommé « Halte à la croissance ? ». L’ouvrage suscite de nombreuses interrogations, d’autant plus que le président des Etats-Unis Nixon rappelle que les Etats-Unis viennent de passer leur pic de production de pétrole conventionnel.

 

 

 

Extrait de “L’An 01” de Gébé

En novembre 1972, Pierre Fournier fonde le mensuel écologiste « La Gueule Ouverte », avec notamment des journalistes de Charlie Hebdo. Au même moment, la BD l’An 01 de Gébé, également issu de Charlie, sort avec le sous titre  « On arrête tout, on réfléchit, et c’est pas triste »  Elle narre un abandon utopique, consensuel et festif de l’économie de marché et du productivisme.

 

De son côté, « Survivre et vivre », le périodique écologiste radical du mathématicien Alexandre Grothendieck et de ses amis, mathématiciens comme lui, en est déjà à son 14 ème numéro.

 

Forts du succès du numéro “Spécial Ecologie” du Nouvel Obs de 1972, Alain Hervé et André Gorz convainquent Claude Perdriel et Jean Daniel de lancer un grand titre écologiste pour 1973, émaillé d’articles de fond, d’informations, de reportages et de BD. Alain Hervé choisira « Le Sauvage », peut-être inconsciemment inspiré par une des premières revues écolo-anarchistes et son mouvement associé, « le Naturien », née en 1898(2), ou bien inspiré par sa passion pour Robinson Crusoë, sur lequel il écrira un roman en 1986 ?

 

Le premier Sauvage sort en mars 1973, titré L’utopie ou la mort, un titre qui contient à la fois l’inquiétude face à l’avenir, mais aussi l’espoir et l’appel à imaginer d’autres futurs.

Ce titre sera repris quelques mois plus tard par l’ingénieur agronome René Dumont, qui travaille dans de nombreux pays “en voie de développement”, comme on dit à l’époque.

Dans « L’Utopie ou la mort », il pointe les dérives planétaires du capitalisme: « l’explosion démographique », le colonialisme et l’extractivisme associés, au détriment des pays pauvres et de la planète, le capitalisme qui menace l’ensemble de l’humanité par la pollution et l’épuisement des ressources. Il invite la société a travailler sur des utopies réalistes, sur différentes formes d’éco-socialisme, sur « une société sans mépris ». Sollicité par Alain Hervé et Brice Lalonde à son retour d’Afrique en 1973, René Dumont sera ensuite le premier candidat écologiste à des élections présidentielles, en 1974.

 

Au sommaire du Sauvage numéro 1 :

Des articles sur la pollution aux boues rouges vers la Corse, sur les utopies dans l’histoire, sur l’autarcie, sur la consommation, sur la paysannerie, sur l’agriculture biologique, sur le nucléaire, sur le tiers-monde, sur l’éducation Décroly, un guide éco-pratique, et bien sûr, un savant mélange d’illustrations, d’infos, de critiques et de BD qui fait l’identité du journal. On y remarquera notamment les dessins et les illustrations de Daniel Maja, de Puig Rosado et une première page de BD du Bolot Occidental de Claire Brétécher.

Voici le PDF du premier Sauvage de 1973   (34Mo)

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(1) Déclaration du premier Sommet de la Terre, 1972

(2) avec deux définitions du Sauvagisme, par Pierre Kropotkine et par Alfred Marné. Il existe également un bulletin Naturien très confidentiel, né la même année 1898, qui se nomme « Le Sauvage » et qui n’aura que deux numéros.