Un certain Steve Jobs

8 octobre 2011,

Par Alain Hervé

A lire la presse ces jours-ci, Steve Jobs est célébré comme un héros. Certes cet homme, cet autodidacte génial, nous a équipés d’instruments coûteux mais pratiques qui remplacent le crayon, le papier et la machine à écrire pour produire notre prose.

J’en utilise un moi-même, à l’instant, pour m’adresser à vous. Et je les utilise depuis le premier de la gamme il y a trente ans.  Ce qui n’autorise pas pour autant ce délire laudateur. Les inventeurs de la machine à laver le linge, de la valise à roulettes, (mon outil fétiche, déjà célébré) du four à micro ondes, sont eux restés dans l’ombre.

Il faut donc s’imaginer que derrière l’éloge de Jobs on tente une réhabilitation de la technique en général et de la solution technique possible de tous les problèmes de notre civilisation.  On assiste à une plaidoirie en béatification, à un procès en sanctification. L’aspect religieux de l’entreprise est flagrant. Sainte Technique sauvez nous, nous avons une confiance aveugle en vous. Nous ne partageons pas cette croyance naïve.

Cependant Jobs est assez sympathique. Son discours devant les étudiants de Stanford en juin 2005 est un hymne à la vie à travers les épreuves qu’il a subies. Je salue  en lui le calligraphe qui a doté l’informatique d’une typographie esthétique. D’autant plus que Windows a copié Apple. Heureusement ce ne sont pas les Français qui ont eu l’initiative avec leur goût désastreux en la matière. Passons.

Steve Jobs cite à la fin de son discours  « un certain » Steve Brand le fondateur et animateur du Whole Earth Catalog pour avoir été un de ses inspirateurs.

Je pourrais renchérir, l’encyclopédique Whole  Earth Catalog de Menlo Park en Californie a  été un des modèles de l’entreprise du Sauvage à ses débuts en 1973.  Je ne sais pas si ce « certain » résulte d’une erreur de traduction mais il me semble dépréciatif. Ou bien disons un certain Steve Jobs vient de nous quitter. Ajoutons en passant que le Whole Earth Catalog était flanqué d’une remarquable revue trimestrielle intitulé Coevolution , dont Patrick Blanc publia une version française. Saluons la mémoire de cet homme de grand talent.

Retenons la devise commune aux deux Steve: « Soyez insatiables, soyez fous ».

Alain Hervé