Nuremberg, la fin de Goering

30 janvier 2012,

par Michèle Valmont

Arnaud Denis,  jeune auteur de 27 ans, réveille de monstrueux souvenirs en portant sur la scène du Vingtième Théâtre un extrait du procès de Nuremberg qui en 1946 jugea les responsables allemands de la Shoah. Götz Burger, l’excellent acteur allemand, incarne Goering.

L’entreprise était très hasardeuse, elle est parfaitement réussie. On regrette que Goering apparaisse comme un être humain banal, avec ses vanités, ses roublardises, son courage devant la mort. C’est aussi l’intelligence du parti pris. Les monstres sont des humains banaux.

La pièce dégage une grande émotion, particulièrement lors du témoignage  de la déportée Marie-Claude Vaillant-Couturier, incarnée par Raphaëlle Cambray, déchirante dans son sobre désespoir . Un léger sourire dans les rapports de Goering avec son naïf gardien américain, parfaitement campé par Jonathan Max-Bernard, et une tension dans les entretiens du prisonnier avec le psychiatre qui  sonde sa folie (rôle tenu en alternance par David Zéboulon ou Arnaud Denis).

Les moments les plus intenses se déroulent dans le prétoire, lorsque le procureur Robert Jackson, magnifique Jean-Pierre Leroux, tout en nuances et hésitations, tente de mettre à jour les responsabilités de Goering dans les horreurs des camps.

L’emprunt à Victor Hugo d’un épilogue humaniste qui brode sur une évolution de l’espèce vers des lendemains meilleurs affaiblit le propos de la pièce. Non, l’espèce humaine a continué d’inventer des génocides après la Shoah. Elle en prépare d’autres. Les massacres continuent partout dans le monde.

7 rue des Platrières 750020 Paris.Tel., réservations 0148659790

Michèle Valmont