par Florence Faucompré
On trouve dans le Jardin du Palais Royal un petit canon posé sur un socle de pierre.
D’où vient-il ? Et que fait-il ici ?
Ce canon est ce qu’on nomme une méridienne (ou un canon méridien, canon solaire ou canon de midi), c’est à dire un canon qui servait à
indiquer midi pile pour avertir les gens mais aussi pour leur
permettre de régler leurs montres personnelles à une époque où elles
étaient souvent déréglées.
Le système, qui intègre une loupe et un cadran solaire, permet que le
passage du soleil sur le méridien mette le feu à la petite quantité de
poudre posée dans le canon, qui retentit alors.
Celui du Jardin du Palais Royal est installé sur le méridien de Paris,
qui passe également par l’Observatoire de Paris.
Il a été installé en 1786, à l’initiative d’un “Sieur Rousseau”,
horloger qui avait une boutique dans les galeries qui entourent le
jardin. il a tonné tous les jours de mai à octobre (il faut assez de
soleil pour qu’il fonctionne) jusqu’en 1914. Sur le socle on pouvait
lire l’inscription latine suivante : “Horas non numero nibi serenas”,
qui signifie “Je ne compte que les heures heureuses”.
Même si le canon avait cessé de tonner à partir de 1914, il est
toujours resté en place, abrité sous une cage de verre. Or, en 1974,
on constate qu’il est dans un état pitoyable, la cage protectrice et
la loupe ont disparu. Quant au canon lui-même, au sol et à l’unique
branche restante du support de la loupe, ils étaient très oxydés !
Fin 1974, le Lions Club de Paris du Palais Royal décide de le
restaurer ; on a ainsi pu reconstituer la fourche en bronze et le
support réglable de la lentille, en prévoyant un cube de plexiglas
pour protéger le canon. Il suffisait de bourrer dans le tube quelques
grammes de poudre noire pour obtenir une forte détonation, soit
lorsque l’image du soleil à travers la loupe arrive sur une lumière à
la base du canon, soit lorsqu’on approche une mèche enflammée de cette
lumière. C’est ainsi que le nouveau canon solaire tonnait une fois par
semaine le mercredi à midi, allumé à la mèche et non par le soleil, ce
dernier procédé étant plus certain.
En 1980, c’est l’état du canon, particulièrement la loupe, qui
nécessite une nouvelle restauration. Puis, à partir de juillet 1990,
Monsieur Christian Dupavillon, directeur du Patrimoine, décide en
accord avec Jack Lang, ministre de la culture et de la communication,
de reprendre la tradition et de faire tonner tous les jours à midi, le
canon. Mais dans la nuit du 15 au 16 avril 1998, le petit canon fut
dérobé. Il est alors remplacé par une copie muette. Compte tenu de son
importance dans le cœur des promeneurs parisiens et des touristes, il
a été décidé de le remettre en fonction au cours de l’année 2011. On
l’entend aujourd’hui tous les mercredis, à midi pile…
Source : Ministère de la Culture
Florence Faucompré