J’ai un ami qui dit n’avoir jamais lu un seul roman et qui affecte de ne lire que de la
philosophie : Julien l’Apostat et Saint Augustin sont ces jours-ci ses voisins de palier.
Je viens de lire le dernier volume de Jim Harrisson : The farmer’s daughter, Les Jeux de la nuit en Français (Flammarion) Trois nouvelles écrites de trois plumes différentes. Saluons Brice Matthieussent pour la traduction.
Une plongée dans la vie brute d’hommes jetés dans le torrent de l’état d’être. Sexe, chasse, alcool, grands espaces sauvages, feux de bois, lecture des Métamorphoses d’Ovide et The Last word in lonesome is me chanté par Patsy Cline. La philosophie ne tient pas la route à coté de cette avalanche de mots saignants, chauds. Harrisson est un inspiré ou plutôt un exprimé. Il rugit dans le noir. C’est un écolo alcoolo. C’est un penseur vivant. Il a 75 ans il vit dans la brousse quelque part dans le Michigan.
C’est un dur à cuire fragile qui brame comme un lion au clair de lune. Il n’en peut plus d’être. Il jouit d’écrire. On jouit de le lire. Je vais proposer à mon ami philosophe de lire son premier roman .
Alain Hervé