Les rond points ne tournent pas rond

9 mars 2017,

Jean Monestier à Alain Hervé

La place d' Etoile à Paris (dr)

La place de l’ Etoile à Paris (dr)

Je ne partage pas l’enthousiasme pour les ronds-points que vous avez manifesté dans votre dernière chronique dans l’Ecologiste. Outre le fait que leur généralisation, parfois ridicule sur des carrefours trop exigus, serait, d’après certains auteurs (Frédéric Héran ?), une opération planifiée pour soutenir le chiffre d’affaire de certains ingénieurs payés au pourcentage et des entreprises exécutantes, ils présentent un certain nombre de défauts.
Pour les cyclistes, ils peuvent être difficiles à traverser quand le trafic est important. A leur égard, ils ne présentent souvent aucun aménagement particulier alors que des sommes extravagantes sont dépensées pour en décorer le terre- plein central : oliviers centenaires importés à prix d’or, statues, sculptures, faux casots, faux puits, ou, comme je l’ai vu à Hénin-Beaumont, vaches en plastique, le tout arrosé à toute heure et comptabilisé comme espace vert sur certains plans. Un bel espace vert noyé dans les particules fines où personne n’est censé se promener. Dans la perspective d’un réseau cyclable fréquentable à partir de 10 ou 12 ans en toute autonomie, la loi aurait dû rendre l’aménagement cyclable obligatoire et prioritaire sur toute cette gabegie dalinienne. Le résultat de cette carence : encore plus de circulation automobile « pour amener les enfants à l’école ».
Mais ce n’est pas tout. Avez-vous circulé en bus dans les ronds-points ? Je le fais régulièrement sur le réseau de Perpignan pour diminuer mes émissions de carbone. Le centre de gravité de ces véhicules est nettement plus haut que celui des automobilistes et ils sont donc beaucoup plus sensibles à la force centrifuge. A chaque rond-point, on est donc ballotté comme un sac de pommes de terre, car il n’est pas question de ralentir si la voie est libre, et elle l’est d’autant moins aux heures de pointe : un coup à gauche (pour entrer dans le rond-point), un coup à droite (pour parcourir le rond-point), et encore un coup à gauche (pour sortir du rond-point). Quand il y a quelques dizaines de mètres entre deux ou trois ronds-points successifs, comme cela est fréquent en milieu urbain, il faut avoir le coeur bien accroché. D’ailleurs, sauf rayon exceptionnellement grand, les tramways et leurs erzatz, les BHNS, sont censés traverser tout droit. Voilà une complication bien dissuasive au détriment des transports en commun.
Quant à l’artificialisation des sols, dont on peut calculer la majoration pour chaque carrefour, je la cite pour mémoire, car on fait bien pire avec les mètres carrés de parkings des grandes surfaces, occupés 15% du temps en moyenne sur l’année, d’après Héran. Je hais la dictature automobile et tout ce qui augmente son emprise. Voilà pourquoi je ne partage pas votre enthousiasme pour les ronds-points. Cordialement.

Jean Monestier

 

Je vous l’accorde mon enthousiasme est mal venu. Tous les inconvénients que vous énumérez sont justes. Je voyais dans ce mouvement giratoire une simplification des problèmes liés au croisement. A.H.