Agribashing

2 novembre 2019,

Nous avons lu cette tribune de François Veillerette sur le site de Reporterre

« Agribashing ». C’est le terme à la mode depuis plusieurs mois dans le monde agricole français. Cet anglicisme, qu’on pourrait traduire par « dénigrement » ou « lynchage médiatique » dont serait victime l’agriculture, est sur les lèvres de tous les représentants de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA, majoritaire), sa présidente, Christiane Lambert, en tête.

Générations futures publie une carte de vente des pesticides en France fondée sur des chiffres officiels ? Agribashing ! Les émissions Envoyé spécial ou Cash Investigation diffusent des programmes montrant les conséquences des pesticides ou sur le glyphosate ? Agribashing encore ! Le quotidien Le Monde révèle le dessous du scandale des « Monsanto Papers » ? Agribashing toujours ! Les riverains des zones cultivées demandent à être protégés des pulvérisations de pesticides ? Agribashing plus que jamais !

La FNSEA met maintenant tellement en avant ce supposé agribashing qu’elle en a même fait un de ses principaux motifs de récrimination lors de ses dernières manifestations. Et il ne s’agit pas d’une simple plainte pour la forme : en demandant « l’arrêt de l’agribashing », le but n’est pas seulement de faire capoter quelques réformes contraignantes mais aussi de restreindre la liberté d’expression des personnes ou organisations critiquant le système agricole actuel. Le syndicat aimerait qu’on restreigne la possibilité de publier des documents fondés sur des données publiques, comme l’a fait Générations futures récemment. Le président de la FDSEA de l’Aude n’a ainsi pas hésité à demander « l’élaboration de règles d’utilisation des données publiques agricoles », dont on se doute qu’elles ne favoriseraient pas une meilleure transparence.

François Veillerette est directeur de l’association Générations futures.