Un tabou ? La surpopulation

28 décembre 2009,
En France, pays de culture majoritairement catholique et/ou marxiste, le sujet de la surpopulation a toujours été traité assez discrètement. Nos chercheurs ont même compté des populationnistes éminents comme Alfred Sauvy et il n’est pas rare de voir encore maintenant nos media déplorer le rétrécissement à la base de la pyramide des âges. Cependant, avec la toute jeune prise de conscience de l’épuisement des ressources, même en France, les préoccupations démographiques connaissent un regain d’intérêt, bien que l’on puisse noter une certaine timidité sur le sujet chez les Verts.
En 1968 au début de la prise de conscience écologiste, Paul R. Ehrlich publiait “The population bomb” (en français “La bombe P”, 1971). Un autre pape de l’écologisme des années 1970, Stewart Brand, éditeur du “Whole Earth Catalog”, a déclaré plus récemment (Technology Review, MIT, May 2005) que les écologistes devraient réviser leurs positions sur la surpopulation. L’explosion démographique est moins redoutable que ce que l’on pouvait craindre il y a quarante ans. En fait il y a même effondrement des taux de natalité dans tous les pays, les pays les plus développés étant en avance sur ce point. Stewart Brand ajoute que ce n’est pas bien entendu la lecture du livre d’Ehrlich qui en est la cause mais la migration vers les villes. En un siècle la population urbaine mondiale est passée de 14 % à 50 %. Les villes sont des étouffoirs à natalité, de quoi troubler les rêves agricoles des écolos, l’auteur de ces lignes y compris.
Quelle est exactement la situation mondiale ? Elle peut se résumer en deux courbes. La première, empruntée au Musée de l’Homme, montre la croissance de notre espèce, débutant doucement au néolithique et explosant au XXe siècle. La deuxième, provenant des Nations Unies, donne les prévisions d’ici 2050 selon que l’on choisit une plus ou moins grande fécondité féminine. Dans l’hypothèse relativement optimiste où le nombre d’enfants par femme continue à diminuer jusqu’à 2, nous nous retrouvons à plus de 9 milliards en 2050. Il est peu probable qu’une augmentation d’un tiers des bouches à nourrir sur une aussi courte période soit satisfaite sans problèmes par l’agriculture mondiale et le système de distribution dans leur état actuel. Au mieux cela aggravera la déforestation et la perte de biodiversité.
Pour ne prendre que les céréales, les réserves mondiales n’ont cessé de décroître depuis 1999, et nous disposons maintenant d’un stock de moins de 60 jours de consommation. Il ne s’agit pas d’un pic au sens du pic pétrolier puisque ces ressources sont renouvelables mais la disponibilité en terres cultivables elle, est une ressource limitée dans la mesure où la désertification progresse. C’est le moment que l’industrie des agrocarburants a choisi pour se lancer dans la conversion massive de céréales en éthanol. La compétition pour la nourriture risque d’apporter sa contribution à l’écocide généralisé bien avant le réchauffement climatique !
Cependant l’inertie démographique est moindre que la persistance des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Les courbes de l’ONU montrent qu’avec une décroissance forte de la natalité, on peut espérer arriver au pic de population dès 2035, soit une augmentation de 1,5 milliards au lieu de 3. Il semble irréel de pouvoir influencer ces tendances du fait de l’échelle mondiale du problème, mais il n’est pas interdit de se pencher sur notre démographie nationale : la France se distingue en Europe par une fécondité supérieure à 2 enfants par femme et contrairement à des idées reçues, ce n’est pas dû à la population immigrée. De quoi faire plancher les sociologues… et nous faire réfléchir sur les aides aux familles nombreuses ?
G.N.

En France, pays de culture majoritairement catholique et/ou marxiste, le sujet de la surpopulation a toujours été traité assez discrètement. Nos chercheurs ont même compté des populationnistes éminents comme Alfred Sauvy et il n’est pas rare de voir encore maintenant nos media déplorer le rétrécissement à la base de la pyramide des âges. Cependant, avec la toute jeune prise de conscience de l’épuisement des ressources, même en France, les préoccupations démographiques connaissent un regain d’intérêt, bien que l’on puisse noter une certaine timidité sur le sujet chez les Verts.

En 1968 au début de la prise de conscience écologiste, Paul R. Ehrlich publiait “The population bomb” (en français “La bombe P”, 1971). Un autre pape de l’écologisme des années 1970, Stewart Brand, éditeur du “Whole Earth Catalog”, a déclaré plus récemment (Technology Review, MIT, May 2005) que les écologistes devraient réviser leurs positions sur la surpopulation. L’explosion démographique est moins redoutable que ce que l’on pouvait craindre il y a quarante ans. En fait il y a même effondrement des taux de natalité dans tous les pays, les pays les plus développés étant en avance sur ce point. Stewart Brand ajoute que ce n’est pas bien entendu la lecture du livre d’Ehrlich qui en est la cause mais la migration vers les villes. En un siècle la population urbaine mondiale est passée de 14 % à 50 %. Les villes sont des étouffoirs à natalité, de quoi troubler les rêves agricoles des écolos, l’auteur de ces lignes y compris.

Quelle est exactement la situation mondiale ? Elle peut se résumer en deux courbes. La première, empruntée au Musée de l’Homme, montre la croissance de notre espèce, débutant doucement au néolithique et explosant au XXe siècle. La deuxième, provenant des Nations Unies, donne les prévisions d’ici 2050 selon que l’on choisit une plus ou moins grande fécondité féminine. Dans l’hypothèse relativement optimiste où le nombre d’enfants par femme continue à diminuer jusqu’à 2, nous nous retrouvons à plus de 9 milliards en 2050. Il est peu probable qu’une augmentation d’un tiers des bouches à nourrir sur une aussi courte période soit satisfaite sans problèmes par l’agriculture mondiale et le système de distribution dans leur état actuel. Au mieux cela aggravera la déforestation et la perte de biodiversité.

Pour ne prendre que les céréales, les réserves mondiales n’ont cessé de décroître depuis 1999, et nous disposons maintenant d’un stock de moins de 60 jours de consommation. Il ne s’agit pas d’un pic au sens du pic pétrolier puisque ces ressources sont renouvelables mais la disponibilité en terres cultivables elle, est une ressource limitée dans la mesure où la désertification progresse. C’est le moment que l’industrie des agrocarburants a choisi pour se lancer dans la conversion massive de céréales en éthanol. La compétition pour la nourriture risque d’apporter sa contribution à l’écocide généralisé bien avant le réchauffement climatique !

Cependant l’inertie démographique est moindre que la persistance des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Les courbes de l’ONU montrent qu’avec une décroissance forte de la natalité, on peut espérer arriver au pic de population dès 2035, soit une augmentation de 1,5 milliards au lieu de 3. Il semble irréel de pouvoir influencer ces tendances du fait de l’échelle mondiale du problème, mais il n’est pas interdit de se pencher sur notre démographie nationale : la France se distingue en Europe par une fécondité supérieure à 2 enfants par femme et contrairement à des idées reçues, ce n’est pas dû à la population immigrée. De quoi faire plancher les sociologues… et nous faire réfléchir sur les aides aux familles nombreuses ?

G.N.