(reprint le Sauvage août-septembre 1991)
« Eh bien alors…Comprenez que ce n’est pas tout d’avoir de l’argent, du confort, de la vitesse, de la chaleur, des boissons, de l’instruction, de l’éducation, le téléphone, des chiens, de la sensibilité, de l’exquisité, de la finesse, de la répartie, de la maigreur, de la souplesse, de la propreté, de la propriété, des photographies, le fou rire, de la société, le sourire, de la philanthropie. Il y a un moment où l’on éprouve le besoin d’être seul et sérieux et où l’on envoie tout dinguer par-dessus les étoiles. La rue bien nettoyée est à vous : ses arbres, ses chevaux, ceux qu’il y a encore. Un formidable Napolitain pisse contre un mur. On lui parle : il ne parle pas. Son gros regard est chargé, son gros pas fait crisser les pierres. Il est bon : c’est l’homme. Ayez donc un peu d’humanité…
L’homme-humain doit vivre seul et dans le froid : n’avoir qu’un lit -petit et de fer obscurci au vernis triste- une chaise d’à côté, un tout petit pot à eau. Mais déjà ce domicile est attrayant ; il doit le fuir. A peine rentré, il peut s’asseoir sur son lit, mais, tout de suite, repartir… »
Charles-Albert Cingria, la Fourmi rouge, L’Age d’homme éd.
La civilisation a commencé quand le premier arbre fut abattu, elle touchera à sa fin quand le dernier sera abattu.
Gottlob König, chercheur forestier du XIXe siècle