Spectacle original, comme d’habitude, au Studio-Théâtre de la Comédie Française : « Le Cercle des Castagnettes » de Georges Feydeau. Il ne s’agit pas d’une pièce inconnue, mais du nom de la troupe de théâtre amateur fondée par Feydeau alors qu’il était lycéen, pour laquelle il écrivit des monologues comiques, genre en vogue à l’époque, de 1876 à 1880.
Douze de ces monologues sont repris ici, mis en scène et adaptés par Alain Françon et Gilles David et interprétés par Gilles David.
Défilent ainsi des « Monsieur tout le monde », parlant de politique, d’actualité, de médecine, d’animaux… bref, de l’air du temps. Sûrs d’eux, forts en gueule, vaniteux, souvent stupides ou absurdes dans leur suffisance, mais toujours drôles, ils préfigurent les personnages emblématiques des grandes pièces qui suivront dans l’œuvre de Feydeau.
Ces monologues ne sont pas d’égal intérêt. Certains pêchent par la lourdeur de leur propos et s’apparentent même à de véritables blagues de potaches. D’autres par contre collent à l’actualité (les Réformes, Tout à Brown-Séquard) par la justesse de leur observation psychologique et le caractère universel de leurs réflexions.
Gilles David est épatant. Hautain dans son élégant costume gris, fat à souhait, parfaitement secondé par la discrète mise en scène d’Alain Françon et l’efficace scénographie de Jacques Gabel, il est réjouissant. Toutefois, sans vouloir diminuer son talent, le spectacle aurait peut-être été plus surprenant et varié s’il avait été interprété par plusieurs comédiens.
Ne boudons pas notre plaisir : Feydeau adolescent était déjà grand.
Michèle Valmont