par Hadrien Gens
L’Angleterre est attaquée. Par la bombe nucléaire. Comment réagit le gouvernement et comment la population est-elle informée, évacuée, gérée, protégée ? La société de consommation a entraîné la nécessité de stocker et traiter les déchets radioactifs en Suède, à quelques dizaines de mètres sous terre. Quelle est cette vie dans les appartements souterrains entièrement vidéo-surveillés et sécurisés d’un ingénieur travaillant pour une usine internationale de traitement de déchets nucléaires, comparée à celle d’un homme vivant à l’extérieur et qualifié d’« élément antisocial » ?
The War Game et The Trap mettent en avant ces deux scénarios autant plausibles qu’effrayants. En les visionnant, on pourrait penser qu’ils datent des années 1990. Ils ont pourtant été réalisés respectivement en 1965 et 1975 par le grand cinéaste et militant pacifiste Peter Watkins. The War Game, en français La Bombe, s’appuie sur des documents filmés à Hiroshima et Nagasaki et avait été censuré par la BBC sous la pression du gouvernement tant ce film montrait avec force les risques du nucléaire militaire et de la course aux armements. Ces deux longs-métrages qui mêlent avec subtilité fiction et reportage n’ont pas perdu une ride et ont été présentés du 10 au 15 avril au festival de cinéma de Brive-la-Gaillarde dans le cadre d’un hommage au cinéaste.
Ces films sont brûlants d’actualité et les questions qu’ils posent, les problèmes qu’ils soulèvent sont les mêmes que ceux d’il y a presque 50 ans. Ils montrent les dangers sanitaires, humains, sociaux et éthiques impliqués à la fois par l’usage militaire du nucléaire et par la gestion impossible des déchets – car rappelons le : le nucléaire n’est pas une énergie propre. Peter Watkins est un réalisateur occulté, errant au gré des subventions, un réalisateur à découvrir ou à redécouvrir, un réalisateur qui n’a pas fini de nous faire penser.
Hadrien Gens