Lendemain et veille d’élection

23 avril 2012,

par Alain Hervé

Si Nicolas Hulot, ou Yves Cochet… ou Hubert Reeves avaient été candidats à la Présidence de la République, nous aurions entendu parler d’écologie. Ce ne fut pas le cas. L’écologie n’avait pas de candidat.

Eva Joly qui a d’autres mérites, n’a pas joué ce rôle. L’écologie est donc politiquement morte pour le moment. Alors qu’il s’agit certainement du sujet vital dont doivent débattre nos sociétés humaines errantes. Errantes car elles se sont laissées dominer par des impératifs sociaux et  économiques  dont la nécessité n’est pas évidente. Or l’écologie permettrait probablement d’accéder à de nouveaux savoir-vivre ensemble.

Les regroupements humains dans des villages, dans des villes, des cités avaient un sens. Ils ont donné naissance à des merveilles d’intelligence et de beauté. Le grouillement des conurbations de millions d’habitants, des banlieues informes n’a aucun sens. Il ne s’agit plus que de la loi de la jungle du nombre. Elle ne date que d’à peine un siècle.

L’écologie qui nous a fait découvrir les systèmes de fonctionnement des espèces vivantes permettrait peut-être d’échapper à cette fatalité. A moins que nous n’acceptions de vivre comme des fourmis, des termites, des abeilles… Car nous en sommes là. Et comme dans le même temps nous avions promu la qualité de l’individu, ces individus souffrent mille morts dans cette promiscuité  à l’image d’une cancérisation.

La protestation radicale qui s’exprime dans le vote d’extrême droite signifie le refus global des modèles qui prétendent nous gouverner. C’est un refus animal de la mondialisation, du métissage accéléré, de la loi des marchés, de l’abstraction des dettes, du mépris de la tradition, de l’innovation scientifique déferlante… en un mot, de ce qu’on nomme la modernité. Voir ce qui se passe en Grèce par exemple.

Ce repli terrifié devant des engagements pris par un petit nombre pour le plus grand nombre ne peut être traité par l’indifférence ou le mépris. Aucune des expressions politiques qui restent en compétition, gauche ou droite, ne tient compte de ce « malaise de civilisation ».

A moins que le « changement » annoncé par ceux qui vont accéder au pouvoir, ne prenne en compte ce divorce d’une partie croissante de la population. Le mouvement de refus ne  fait que commencer. Marine Le Pen l’a compris, qui compte l’amplifier avec la création d’un nouveau parti. Nous assistons à la naissance d’une protestation radicale

On aimerait savoir si les écologistes accédant à la gestion municipale peuvent proposer des solutions « de terrain ». Ils en ont déjà donné.
Voir les succès durables remportés par André Aschieri  dans la commune de Mouans-Sarthoux.

Si les écologistes se révèlent être assez nuls dans les élections nationales, c’est qu’il y a sans doute une explication à ces manifestations répétées d’impuissance. Est-ce le parti EELV lui même ? Cohn-Bendit avait sans doute raison de les redouter.

Je persiste cependant à penser que faute d’ambitionner le pouvoir suprême, les écologistes auraient pu saisir l’opportunité de la tribune qui leur était offerte pour exprimer leurs analyses et leurs propositions de solutions. Ils avaient à l’écoute des  dizaines de millions de Français.