67 recettes pour recevoir ses amis et les garder

10 décembre 2012,

Suite de notre feuilleton illustré par Laurent Davezies. Les recettes arrivent bientôt mais notre auteur prend son temps et met les convives en condition. Le Sauvage


par Gabriel Peynichou

PROLÉGOMÈNES
Il m’arrive, de temps en temps, d’être invité chez des amis d’amis3 sans véritables
traditions, ou qui n’ont pas jugé bon de s’en créer.
J’ai remarqué que le décorum d’usage lors des repas amicaux était trop souvent
négligé. Et cela au nom de je ne sais quel malentendu sur l’idée qu’ils se
faisaient de la décontraction.
Le qualificatif de négligé relevant souvent de l’euphémisme : un seul verre
pour boire alternativement du vin et de l’eau, pas de serviettes de table, pas de
nappe, etc.
Cela est contraire à l’esprit de la bonne cuisine : recevoir demande un effort.
La pauvreté n’est pas une excuse, si vous n’avez pas hérité de service à
vaisselle ou de verres, vous pouvez vous en procurer dans les vide-greniers dont
nous parlions précédemment. Un service de verres peut être dépareillé, aucune
importance, pourvu que chaque convive en ait au moins deux devant lui. Si
possible en évitant les verres à moutarde, quoique pour l’eau ils peuvent faire
l’affaire.
Comme dans pas mal de domaines, ce qui compte d’abord c’est, comme
le dit le Hadith, « Celui qui a eu l’intention », la volonté de faire le bien.
3 – Je ne fais pas, en tout cas uniquement, allusion aux nouveaux riches et aux anciens pauvres. Trop de
mes camarades, issus comme moi des couches moyennes de la société, ont jeté avec l’eau du bain des ridicules
de la bourgeoisie, petite ou grande, le bébé des lois de l’hospitalité.
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4 – Riyâd as-Salihin (Le Jardin des vertueux) de l’Imam Mohieddîne Annawawî.
« Le Messager de Dieu (bénédiction et salut d’Allah sur lui) a dit parmi ce
qu’il a raconté sur son Seigneur glorifié et exalté: « Dieu a fait mentionner par
écrit (par les deux Anges gardiens attachés à chaque personne) les bonnes actions et
les mauvaises », puis il a donné cet éclaircissement: « Celui qui a eu l’intention
de faire une bonne action mais n’a pu la réaliser, Dieu, glorifié et exalté, la lui
inscrit comme une bonne action entière.4 »
Ainsi devant une table dont on reconnait l’intention bonne, les convives
vont à chaque plat être sensibles à leurs qualités et parfois, cela arrive, manifester
l’indulgence du vrai gastronome, qui sait que la cuisine n’est pas une
science exacte et que chaque plat est un prototype.

Extrait du livre 67 recettes pour recevoir ses amis et les garder qui vient de paraître en librairie.
© Association LAC & Gabriel PEYNICHOU, Laurent DAVEZIES
éditions Pourquoi viens-tu si tard ?
ISBN : 978-2-919113-15-6
Première édition : décembre 2012