Pour célébrer l’hiver nous inaugurons un feuilleton. Ce seront soixante sept recettes de cuisine. Bon appétit.
par Gabriel Peynichou
Illustrations : Laurent Davezies
Prolégomènes
Encore un livre de cuisine ! Effectivement, que répondre à cela ?
D’abord c’est un livre pour inviter des amis ! Qui n’a regretté de n’être pas
au restaurant le soir où il a fallu se resservir d’un bourguignon brûlé en dessous
et trop liquide en dessus avec des pâtes mal cuites. Surtout si on en est l’auteur.
Enfin si c’est un roman que vous vouliez, je ne suis pas votre homme. Je
n’en lis jamais. Les affres de petits bourgeois qui se noient dans des verres d’eau
me font bailler et de toute manière je ne lis que de la philo, lentement, des
polars et des livres de cuisine, précisément.
Alors parlons des livres de cuisine ! A part la fameuse fausse encyclopédie
chinoise à laquelle se réfère Michel Foucault1, je ne vois rien de plus absurde,
tout y est : les oeufs durs, la salade de tomates avec du riz, la soupe de légumes,
le boudin aux pommes etc. même des recettes de coq de bruyère.
Si cette énumération n’était pas suffisante, vous n’avez qu’à regarder les
photos qui illustrent les recettes, pour courir en direction du premier fast food
venu dont je tairai le nom.
PRÉAMBULE
1 – Dans son livre Les mots et les choses, Michel Foucault cite un texte de Borges, qui cite lui-même une
très improbable « encyclopédie chinoise », laquelle répartirait les animaux selon les catégories suivantes :
« appartenant à l’Empereur ; embaumés ; apprivoisés ; cochons de lait ; sirènes ; fabuleux ; chinchards ;
chiens en liberté ; inclus dans la présente classification ; qui s’agitent comme des fous ; innombrables ;
dessinés avec un pinceau très fin en poils de chameau ; qui viennent de casser la cruche ; qui de loin
semblent des mouches ; autres… »
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Mon idée c’est qu’il faut, pour bien traiter ses amis, quelques recettes, assez
simples, qui en jettent et en plus bon marché.
Je lisais chez une consoeur, en introduction à ses recettes, qu’elle ne croyait
pas à la pratique qui consiste à faire dégorger les aubergines et à la transsubstantiation2
du corps et du sang du Christ dans l’Eucharistie.
Vous avez sans doute remarqué le nombre de choses inutiles et relevant de
la croyance ou de la tradition qui sont véhiculées dans les recettes. Je respecte
les vôtres, libre à vous de retirer le germe de l’ail ou d’épépiner les tomates.
Mon but est de faire simple, d’aller à l’essentiel et surtout que ce soit bon.
Donc, en avant !
A suivre dans le Sauvage
© Association LAC & Gabriel PEYNICHOU, Laurent DAVEZIES
éditions Pourquoi viens-tu si tard ?
ISBN : 978-2-919113-15-6
Première édition : décembre 2012
Tous droits de reproduction, de traduction et d’adaptation réservés pour tous pays