par Pascal Bourgois, militant écologiste
Comme un feu de paille, 120 comités de soutien à l’opposition au projet d’aéroport de Notre Dame des Landes (NDDL) se sont constitués en France ces dernières semaines. Jean-Marc Ayrault argumentait que les opposants étaient porteurs d’une vision du monde qu’il ne partageait pas et ne voulait pas se voir imposer. Il a posé là les enjeux de fond. Les citoyens sont de plus en plus nombreux à avoir la conviction que le système économique et politique actuel est mortifère, qu’il nous mène dans le mur et qu’il y a urgence à le changer radicalement.
NDDL est devenu le catalyseur qui fédère et met en réseau les antiproductivistes. Citoyens non encartés, militants associatifs (Greenpeace, Amis de la Terre, Décroissants, Amis du Monde Diplomatique, ATTAC…), de la Confédération paysanne, anarchistes, du PG (Parti de Gauche), d’EELV (Europe Ecologie-Les Verts), de la FASE (Fédération pour une alternative sociale et écologique)… se retrouvent pour la première fois dans un combat de cette ampleur. Les actions locales se multiplient. C’est une forme de résistance/guérilla qui se met en place avec comme échéance cet été, un nouveau grand rassemblement à NDDL. Il est probable que plusieurs centaines de milliers de participants s’y retrouvent.
Sous réserve d’évolutions imprévisibles, quelles en sont les implications possibles à 18 mois :
– arrêt du projet de l’aéroport de Notre Dame des Landes avec un changement de premier ministre (il est à 30 % d’opinions favorables aujourd’hui dans les sondages),
– perte de crédibilité aggravée du PS (explosion du chômage, austérité renforcée, échec prévisible du débat sur l’énergie, le climat, la fiscalité écologique, compromissions multiples…) qui va aborder les municipales en grande situation de faiblesse,
– tensions internes au sein du Front de Gauche et d’EELV, qui vont devoir choisir clairement entre le soutien au PS et aux grands projets inutiles ou rejoindre la résistance,
– structuration des comités de soutien à NDDL qui pourraient devenir des laboratoires de constitution de listes de la gauche et des écologistes autonomes opposées au PS aux prochaines élections municipales,
– regain d’énergie et de mobilisation contre les autres grands projets inutiles (l’EPR, la ligne Turin-Lyon, les LGV en général…),
– amplification des initiatives citoyennes locales type Colibri et Territoires en transition visant l’autonomie et la sobriété : relocalisation de production agricole bio, d’écomatériaux, expérimentation en permaculture et agroécologie, développement de circuits courts de distribution, AMAP, coopératives d’habitants, de consommateurs, de production d’énergies renouvelables… écoles alternatives, écolieux, SEL (systèmes d’échanges locaux), monnaies locales…
A noter que dans le même temps le conflit à l’UMP renforce le FN qui va devenir de mieux en mieux implanté. Il pourrait devenir le premier parti de droite dans beaucoup de communes lors des municipales. Face au vide sidéral des idées à l’UMP et au PS, l’enjeu majeur se trouve d’ailleurs là : quelle vision va porter l’inéluctable changement de monde, le totalitarisme libéral ou une écologie politique refondée ?
Pascal Bourgois, militant écologiste