On peut détester l’homme, mais l’œuvre laisse pantois. La rétrospective que consacre actuellement le Centre Pompidou à Paris à Salvador Dali est éblouissante. La présentation, chronologique, est exemplaire. Des magnifiques portraits sages des débuts aux délires érotiques les plus fous, on navigue avec jubilation à travers la créativité explosive de Dali.
Dali peint en trois dimensions : tantôt on reçoit en plein visage une main de l’artiste à son chevalet, tantôt les pieds du Christ en croix vous percutent le regard (depuis Mantegna, on n’avait pas vu de raccourci aussi saisissant).
Et le dessin de Dali : précis, élégant, virtuose. Il est particulièrement émouvant dans de petites toiles rarement exposées. Son admiration pour les grands peintres qui l’ont précédé (Millet, Vermeer, Velasquez..) est telle qu’il les incorpore sans cesse dans bon nombre de ses œuvres avec une imagination délirante. Le parcours est ludique, on scrute les toiles à la recherche d’un visage, d’un objet, on s’interroge sur l’incongruité d’un titre, on s’émerveille devant les couleurs et les compositions ahurissantes.
Des archives, des vidéos, les films réalisés avec Bunuel, son poétique dessin animé inachevé et même la reconstitution de la chambre Mae West du musée de Figueras enrichissent le parcours.
Alors Dali : surréaliste, provocateur, freudien, manipulateur ? Qu’importe : sublime forcément sublime.
Michèle Valmont
Attention. Nous republierons bientôt l’interview exclusive que Dali avait donné au Sauvage en 1976. Il s’agit d’un témoignage rare de l’artiste vieillissant mais encore en possession de sa folie créatrice. Un document unique.