par Marc Ambroise-Rendu
Que peut-on attendre du successeur de Benoît XVI ? Aucun commentateur – ils ont pourtant été légion à s’exprimer sur le sujet – n’a même effleuré l’hypothèse d’un réel aggiornamento de l’Eglise catholique à l’occasion de son changement de patron. Que serait-il ? L’abandon du déni de réalité c’est-à-dire la prise de conscience que Dieu ne peut plus grand chose pour ses fidèles.
Un nouveau pape pourrait d’abord faire fonctionner l’immense réseau international de ses 6500 évêques pour faire remonter jusqu’au tabernacle du Vatican des informations sur l’état écologique de la planète. Il comprendrait alors que les images biblique ressassées depuis 1500 ans sont non seulement obsolètes mais qu’elle nous conduisent à une catastrophe humanitaire sans aucun précédent historique: l’effondrement de notre “civilisation “. Oui, un pape simplement mieux informé et intelligent réaliserait peut-être que s’il veut sauver l’humanité ce n’est pas en prononçant des homélies moralisatrices en levant les bras au ciel mais en cherchant dans le christianisme les fondements d’une révolution des mentalités et donc d’une nouvelle pastorale.
Autrement dit, si le Christ a encore l’intention de sauver l’humanité il est urgent qu’il revienne. Et qu’il reformule son message d’amour en y englobant les bêtes, les plantes, le ciel, la terre et la mer, bref la nature. Si les pauvres veulent entrer au royaume de Dieu il faut renoncer à encenser le pognon et les oligarques. Et leur proposer autre chose qu’une consommation frénétique: une sobriété monacale et heureuse. Car cette fois il n’y aura pas de miracle: du lac de Tibériade pas plus que des océans on ne pourra tirer suffisamment de poissons pour nourrir le bon peuple. Quant à la multiplication des pains elle ne sera plus possible non plus. Il faudra arrêter de nous seriner “ croissez et multipliez “. La jolie formule a poussé les Chrétiens d’occident à tant forniquer qu’ils ont montré l’exemple au reste du monde. Résultat: nous sommes 7 milliards à grouiller sur une Terre qui n’en peut plus. On ne demande pas au nouveau pape de canoniser Malthus mais on pourrait cesser au moins de l’excommunier.
Bref, si le géronte tout neuf qui va nous sortir du Vatican pouvait comprendre son époque et mobiliser ses troupes pour nous tirer d’affaire alors nous serions disposés à nous convertir. Sinon cette église là, comme les autres, n’aura que ce qu’elle mérite : elle coulera avec le Titanic tandis que l’orchestre jouera “plus près de toi mon dieu “.
Marc Ambroise-Rendu