Catastrophisme

2 décembre 2013,
On peut encore écouter l’émission de Michel Alberganti sur France-Culture
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Climat : le catastrophisme peut-il être efficace ?

Faire prendre conscience qu’un réchauffement climatique de la planète est en cours, qu’il est largement dû à l’activité humaine qui rejette du CO2 dans l’atmosphère et que, par conséquent, l’homme peut agir sur ce phénomène. Tel est l’objectif du désormais célèbre Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, le GIEC. Cet organisme créé en 1988 a reçu le prix Nobel de la paix en 2007. Fin septembre 2013, il a publié le premier chapitre de son cinquième rapport. Nous avons parlé de cette synthèse des travaux scientifiques sur l’évolution du climat dans Science publique le 27 septembre. Le GIEC doit publier les prochains chapitres, dont celui sur les impacts du réchauffement, en 2014.

En France, rares sont les philosophes se sont emparés de cette question jugée sans doute trop scientifique. En Australie, en revanche, Clive Hamilton a publié, en 2010, un ouvrage intitulé : « Requiem pour une espèce : pourquoi nous résistons à la vérité sur le changement climatique ». Ce livre, traduit en français sous le titre : « Requiem pour l’espère humaine » est édité par les Presses de Science Po.  L’originalité de cet ouvrage réside dans son caractère résolument catastrophiste, voire apocalyptique. Clive Hamilton n’hésite pas à parler de la fin du monde tel que nous le connaissons aujourd’hui. Pour lui, les conséquences du changement climatique seront désastreuses. Il cite, par exemple, un professeur de l’université de Melbourne, David Karoly, qui estime que « nous sommes en train d’installer l’enfer sur Terre ». Clive Hamilton cite également des analyses prévoyant qu’il pourrait ne rester plus qu’un milliard, voire moins, d’être humains survivants sur Terre d’ici un siècle ou deux.

Il faut attendre la fin de l’ouvrage de Clive Hamilton pour comprendre son réel objectif qui relève de la psychanalyse. Pour lui, l’humanité doit passer par une phase de deuil du monde d’aujourd’hui afin de parvenir à accepter la réalité de la fin du monde actuel et se mettre enfin à agir pour s’adapter.

Une telle rhétorique a-t-elle plus de chances de nous convaincre ?

Faut-il, d’ores et déjà, admettre les conséquences catastrophiques du réchauffement climatique comme inéluctables ?

Quel impact peut avoir une telle stratégie sur les décisions politiques des dirigeants de la planète ?

Invité(s) :
Clive Hamilton, philosophe du climat
Jacques Treiner, physicien, professeur à Sciences-Po Paris et ex-professeur à l’Université Pierre et Marie Curie
Pierre-Henri Gouyon, professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle, à l’Agro Paris-Tech et à Sciences Po
Evelyne Heyer, professeur en anthropologie génétique au Muséum National d’Histoire Naturelle et commissaire général du Musée de l’Homme