Le stimulus du paparazzo

31 janvier 2014,

ImageJ=1.38xpar Ghislain Nicaise

Les récents développements de l’actualité m’ont rappelé que notre belle (?) langue ne savait toujours pas gérer les pluriels des mots importés. L’importation peut venir du latin, de l’italien mais aussi de l’anglais et d’autres langues étrangères.

Comme l’avait bien noté l’Académie française, le génie de notre langue est de mettre un simple s au pluriel, quelle que soit l’origine du mot : nous disons, écrivons, des aquariums et non des aquaria, un spaghetti et non un spaghetto, des whiskys et non des whiskies.

 Nous devrions dire des stimulus et non des stimuli mais voilà, les anglophones déclinent les mots latins. Lorsque de jeunes collègues sont revenus de leurs “post-docs” (1) vers la fin du siècle dernier, ils disaient des stimuli dans leurs cours ou leurs travaux dirigés et j’en ai vu se moquer d’étudiants qui écrivaient un stimuli sur leur copie. C’est pourtant ces étudiants qui étaient le plus fidèles à notre langue. Moi en vieux prof je disait des stimulus, me réjouissant perversement de contredire mes jeunes collègues.

Il m’est arrivé d’écrire des médiums sur ce site et je l’ai vu imprimé assez récemment dans un article de La Recherche mais je sens bien que là ça ne passe pas, la tendance forte n’est même pas de dire un medium-des media mais un média-des médias (avec accent sur le e). Tout ça parce que Marshall McLuhan a fait un tabac avec son livre Understanding media.

Moins compréhensible, nous avons vu ces dernières années apparaître des scénarii, pour le moment encore en compétition avec des scénarios. Il faut qu’une langue évolue mais ce devrait être un dilemme pour un écologiste : faut-il préserver les particularités linguistiques en voie d’extinction ?

Ghislain Nicaise

(1) séjours d’après thèse, passés souvent aux USA ou au Royaume Uni, particulièrement en biologie, en raison de l’excellence de ces pays dans ce domaine et aussi parce que la langue anglaise s’est imposée comme support de communication scientifique international. Je sais bien entendu que l’impérialisme économique des USA a joué un rôle dans la promotion de l’anglais mais c’est un peu plus compliqué que cela.