Jean-Marie Gustave se réveille

10 juin 2014,

par Alain Hervé

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Nous te fréquentons à petites gorgées depuis des décennies, depuis ton premier roman parfaitement incompréhensible.

Puis nous avons aimé tes fulgurances impressionnistes. Tu sais écrire ce que tu vois. Tu sais ouvrir l’oeil de tes lecteurs. Leur révéler la splendeur des lumières de cette  planète au petit matin. On t’aime en morceaux choisis.

A Saint-Malo à l’occasion des “Etonnants voyageurs 2014”, tu nous a séduits par ta vision paisible et distanciée d’une société humaine confrontée au désastre qu’elle s’est inventé. Tu sais surmonter le handicap physique dont tu souffres, d’une excessive beauté mâle. Tu parles juste, très juste, après la projection de l’excellent portrait-film qu’Antoine de Gaudemar t’a consacré. Tu souffles en grand l’esprit sur des débats malouins un peu trop confidentiels.

Je dois dire que j’avais perdu l’intérêt de t’entendre après ton discours raplapla de nobélisé. On t’avait ouvert une tribune urbi et orbi et tu avais produit un petit pipi de chat. Hier tu nous as émus, séduits par ta lucidité, ta clarté.

Avec notre amitié

A.H.

(photo AFP/Raul Arboleda).