Dans le bi-mensuel BIOSPHERE-INFO n° 348, par Michel Sourrouille, quelques indications qui demandent d’urgence une application politique pour pouvoir gérer le long terme… 1971. Socialisation de la nature de Philippe Saint Marc (Stock). Ce serait une étrange erreur que penser conserver la Nature en maintenant inchangé le système économique qui la détruit. Matérialisme, libéralisme, urbanisation aggravent en effet considérablement la pénurie de Nature résultat de l’encombrement de l’espace par la croissance démographique et économique. Tant que notre civilisation matérialiste donnera au milieu naturel une grande valeur lorsqu’il est détruit, une valeur faible lorsqu’il est sauvegardé, comment s’étonner qu’il disparaisse ? La seule réponse, la clef de voûte de cette construction nouvelle est la socialisation de la Nature. Ce serait reconnaître qu’elle est le bien commun universel, qu’elle doit être ouverte à tous et que son maintien est une mission de service public. D’où la nécessité d’affecter une forte part du Revenu National à un « budget de la Nature » et d’en faire supporter le poids principal aux responsables des nuisances : les pollueurs doivent être les payeurs.
Cette civilisation nouvelle devra donner la primauté aux biens immatériels sur les biens matériels, au socialisme sur le libéralisme, à la ruralisation sur l’urbanisation.
1974. L’écologie ou la mort (à vous de choisir) la campagne de René Dumont, les objectifs de l’écologie politique (Pauvert). Personne n’est admis à avoir une vue globale des choses, ce qui est désastreux d’un point de vue écologique car tout est lié à tout. L’Ecologie, c’est un mot simple. Il veut dire que l’homme comme toutes les espèces vivantes, est inclus dans un milieu qui comprend la nature, les autres espèces vivantes, les autres hommes et qu’il ne peut se permettre de détruire ce milieu sans se détruire lui-même. On a compris que la défense de la nature ne se limite pas à tel ou tel point particulier, mais exige une remise en cause fondamentale pour abouti à notre double objectif :
1 : Réduction fondamentale des injustices sociales à l’échelle mondiale, en vue de la réduction prioritaire du gaspillage et des consommations abusives des riches ; donc de leur nombre comme de leur revenu.
2 : Elaboration d’une civilisation à basse consommation d’énergie, de viande et de métaux, économisant pour les générations futures les ressources rares de la planète, arrêtant le pillage du Tiers-Monde et la destruction de la nature, source de toute vie.
1975. Le macroscope, vers une vision globale de Joël de Rosnay. Notes de voyage en écosocialisme (Seuil).
« C’est un scénario parmi d’autres. Pour un monde parmi d’autres. Il contient une part de rêve ? J’en conviens. Mais il est important de rêver. Et pourquoi ne prendrait-on pas ses rêves pour des réalités ?
– Ecosocialisme, écosociété, écocitoyen, écoparlement… Le préfixe « éco » symbolise la relation étroite entre l’économie et l’écologie.
– L’avènement de l’écosociété s’est déroulé en trois grandes étapes, l’économie de survie (société primitive), l’économie de croissance (société industrielle) et l’économie d’équilibre (société postindustrielle ou écosociété).
– L’économie d’équilibre est une économie régulée, au sens cybernétique du terme. Certains secteurs peuvent passer par des phases de croissance ; d’autres sont maintenus à l’équilibre dynamique ; et d’autres encore à un taux de croissance « négative ».
– A la différence des sociétés industrielles structurées « du haut vers le bas », l’écosociété s’est construite du « bas vers le haut ». A parti de la personne et de sa sphère de responsabilités : par la mise en place de communautés d’utilisateurs.
– La consommation en énergie est maintenue au niveau où elle se trouvait au début des années 1980. Ce n’est pas l’austérité monacale, l’énergie est mieux répartie, mieux économisée, plus efficacement utilisée.
– Le taux de naissance est maintenu au taux de renouvellement de la population ; laquelle se maintient à l’état stationnaire.
– La création de filières de récupération a permis de reconnecter les cycles correspondants au métabolisme de l’organisme social avec les cycles naturels de l’écosystème.
– L’écosociété est décentralisée, communautaire, participative. L’écosociété repose sur le pluralisme des idées, des styles et des conditions de vie.
– C’est une société « rurale », intégrée par un réseau de communication extraordinairement développé. Ce réseau permet d’éviter les déplacements inutiles. Beaucoup de gens travaillent chez eux.
– Alors que la maîtrise de la mégamachine, sécrétée par les sociétés industrielles, exigeait une sur-éducation, l’enseignement de l’écosociété est considérablement réduit. Il est à la fois plus global, plus pratique et plus intégré à la vie.
– L’assistance médicale mutuelle est réalisée à grande échelle. On consomme moins de médicaments, on fait moins appel aux médecins. On cherche plus à stimuler les défenses naturelles de l’organisme, qu’à agir de « l’extérieur » à coups de substances chimiques.
– Des programmes de mise en route de nouvelles centrales nucléaires ont été abandonnés. La décentralisation des moyens de transformation de l’énergie a conduit à l’exploration de nouvelles sources. Mais ce sont surtout les économies d’énergie et la lutte généralisée contre le gaspillage qui ont permis de stabiliser la consommation en énergie.
– La transparence de l’écosociété conduit à faire jouer deux motivations à l’action, la compréhension de l’utilité de son geste et le sens de la responsabilité sociale.
– Les produits manufacturés sont plus robustes, plus faciles à réparer. Ce qui revitalise toutes sortes d’activités d’entretien et de réparation. L’artisanat renaît vigoureusement.
– L’écosociété, c’est aussi l’explosion du qualitatif et de la sensibilité.
– Une bioéthique renforce la nouvelle morale de l’écosociété.
– La mort est acceptée, réintégrée à la vie. Les personnes âgées participent à la vie sociale ; elles sont l’objet du respect et de la considération.
1979. La décroissance (entropie, écologie, économie) de Nicholas Georgescu-Roegen (éditions Sang de la terre). Il convient d’expliquer au public cette double difficulté : un épuisement plus lent des ressources signifie moins de confort exosomatique, et un plus grand contrôle de la pollution requiert proportionnellement une plus grande consommation de ressources. Bien sot celui qui proposerait de renoncer totalement au confort industriel de l’évolution exosomatique, mais il faut un programme bio-économique minimal :
– interdire totalement non seulement la guerre elle-même, mais la production de toutes les armes de guerre.
– aider les nations sous-développées à parvenir à une existence digne d’être vécue
– diminuer progressivement la population humaine
– réglementer strictement tout gaspillage d’énergie
– vous guérir de votre soif morbide de gadgets extravagants.
– mépriser la mode qui vous incite à jeter ce qui peut encore servir
– rendre les marchandises durables, donc réparables
– ne plus se raser plus vite afin d’avoir plus de temps pour travailler à un appareil qui rase plus vite encore.
Ces changement de comportement conduiront à un émondage considérable des professions qui ont piégé l’homme. De plus, même si les humains prennent conscience de la problématique entropique de leur espèce, ils n’abandonneront pas volontiers les fastes actuels en vue de faciliter la vie des humains qui naîtront dans dix mille ans, voire dans mille ans seulement ; tout se passe comme si l’espèce humaine avait choisi de mener une vie brève, excitante et extravagante laissant aux espèces moins ambitieuses une existence longue, végétative et monotone. Dans ce cas, que d’autres espèces dépourvues d’ambition spirituelle – les amibes par exemple – héritent d’une terre qui baignera longtemps encore dans une plénitude de lumière solaire ! ».
1982. Du chômage à l’autonomie conviviale d’Ingmar Granstedt (La Ligne d’horizon). Ingmar Granstedt propose une démarche fondée sur l’idée suivante : que chacun recherche toutes les occasions pour rééquiper peu à peu son environnement en outils simples grâce auxquels il pourra faire de plus en plus de choses par lui-même et réduire d’autant son temps de travail professionnel et son revenu. Le revenu monétaire se mettrait à baisser, mais non pas le niveau ni la qualité de la vie. Il faut se dégager par étape de la dichotomie producteur/consommateur. Pour un nombre croissant de produits courants, 80 % du prix payé par le consommateur final sert en réalité à rémunérer les fabricants d’emballages et de palettes, les transporteurs, les magasins de gros, les détaillants, les assureurs, bref tous les intermédiaires.
Cela suppose de réorienter les sciences et les techniques vers la création d’outils adaptés à l’action autonome des gens. C’est l’exemple de la machine à coudre, à opposer à l’usine de confection. A la place de l’usine de charcuterie, c’est le cochon qu’on tue et sale avec l’aide des voisins selon des règles de réciprocité, ce qui signifie bien plus qu’une simple collaboration technique. Ne peut-on imaginer des formules d’achat direct chez le paysan, à plusieurs, d’un porc ou d’un mouton ? Des associations de quartier, des municipalités peuvent prendre l’initiative de mettre à la disposition des habitants des instruments et des machines dans des ateliers ouverts à tous. Chacun n’a besoin de ces ateliers que de temps en temps. Il en faut de plusieurs sortes, menuiserie, travail des métaux, réparation d’objets… Au fur et à mesure que l’on étend le domaine vernaculaire, l’outillage devient de plus en plus compatible avec les sources d’énergie proches et renouvelables. Pour la machine à coudre, même notre petite énergie corporelle pourrait suffire si l’on modernisait le bon vieux pédalier à volant. Il y a des domaines où la technicité du travail exige évidemment une spécialisation professionnelle. Mais chaque îlot d’autonomie voit s’élever peu à peu le niveau de sa culture pratique, celle que tous les participants partagent pour assumer leur subsistance et qui leur permettra plus tard de faire d’autres technologies, plus complexes. Le but est de contester le préjugé qui nous pousse à croire que tous les biens ne peuvent pas être produits autrement que sur le mode industriel.
Ce que je fais chez moi, avec les miens, pour vivre à ma manière, tu peux aussi le faire chez toi, avec les tiens, pour vivre à ta manière. Il nous est possible ici et maintenant de retrouver, à travers l’autonomie personnelles des activités vernaculaires reconquises, le visage des autres, la saveur des gestes dans des relations face à face, le goût de la présence mutuelle à travers tous les actes de la vie, à commencer par ce qui sont liés aux nécessités même de l’existence.
1990. Gouvernance des biens communs (pour une nouvelle approche des ressources naturelles) d’Elinor Ostrom. (première édition 1990, Governing the Commons, The Evolution of Institutions for Collective Action. Traduction française en 2010, éditions De Boeck).
Principes communs aux institutions durables de ressources communes :
1. des limites aux prélèvements clairement définies ;
2. la concordance entre les règles et les conditions locales ;
3. des dispositifs de choix collectifs sur le mode participatif ;
4. une surveillance et une autosurveillance des comportements ;
5. des sanctions graduelles pour les transgressions ;
6. des mécanismes de résolutions des conflits ou arènes locales ;
7. le droit à s’organiser sans intervention d’autorités externes ;
8. des entreprises imbriquées (pour les systèmes à grande échelle).
Il y a réticence à investir du temps et des efforts pour améliorer un système géré centralement. Des efforts de réforme centralisée ont souvent débouché sur des problèmes encore plus graves.
2001. Charte des Verts mondiaux (Canberra)
PRINCIPES
• Sagesse écologique
• Justice sociale
• Démocratie participative
• Non-violence
• Développement durable
• Respect de la diversité
http://eelv.fr/2011/03/10/charte-des-verts-mondiaux/
2009. Prospérité sans croissance (la transition vers une économie durable) par Tim Jackson.(1ère édition 2009, Earthscan, Prosperity without Growth – Economics for a finite planet. Traduction française (de Boeck, 2010). Une société développe normalement tout un ensemble de dispositifs d’engagement : des mécanismes sociaux et institutionnels influencent l’équilibre des choix au détriment du présent et à l’avantage du futur. Le mariage, les comptes épargne, les normes de comportement social, tous ces éléments constituent des dispositifs d’engagement. Le problème est que l’opulence érode et sape les dispositifs d’engagement : augmentation des ruptures familiales, déclin de la confiance et même attaques contre la parentalité. L’individualisme du laisser-faire ne constitue pas un mécanisme de gouvernance pour une prospérité durable. Face à la crise de l’engagement, l’Etat se doit de réagir. Là où les structures sociales favorisent l’altruisme et la tradition, les comportements égoïstes peuvent être pénalisés. Nos sociétés modernes doivent favoriser la coopération plutôt que la compétition. Le rôle principal du gouvernement est de veiller à ce que les biens publics de long terme ne soient pas menacés par les intérêts privés à court terme. Il serait légitime que le gouvernement renforce et protège les dispositifs d’engagement qui empêchent les choix court-termistes et qu’il réduise les impacts structurels pernicieux qui augmentent les inégalités. Les politiques doivent inclure la fixation de niveaux de revenus minimum et maximum.
Face à des chocs économiques, il est particulièrement important de créer des communautés sociales résilientes. Comme l’affirme l’institut pour l’autosuffisance locale, les communautés devraient avoir le droit de protéger certains espaces de tout esprit de commerce et de la publicité. Il faut que des activités économiques sobres en carbone contribuent vraiment à l’épanouissement humain. Les germes d’une telle économie existent dans des projets énergétiques communautaires, des marchés agricoles locaux, des coopératives Slow Food, des services locaux de réparation et d’entretien, des ateliers artisanaux, et pourquoi pas, dans la méditation et le jardinage. En étant à la fois producteurs et consommateurs de ce genre d’activités, les gens atteignent un niveau de bien-être et de satisfaction supérieur à celui qu’ils retirent de cette économie de supermarché, matérialiste et pressée, dans laquelle nous passons le plus clair de notre temps. Mais en termes formels ces activités, appelons-les entreprises écologiques, comptent encore à peine. Tant que la stabilité économique dépendra de la croissance économique, les changements nécessaires n’auront pas lieu.
2010. Les huit R de Serge Latouche. (ECOLOGIE POLITIQUE n°40 : les écologies politiques aujourd’hui). Pour se libérer de l’obsession de croissance, nous avons proposé de formuler la rupture en huit R : Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Relocaliser, Redistribuer, Réduire, Réutiliser, Recycler. Ces huit objectifs interdépendants ont été retenus parce qu’ils nous paraissaient susceptibles d’enclencher une dynamique de décroissance sereine, conviviale et soutenable. Le deuxième niveau, celui de la mise en œuvre suppose une insertion dans le contexte :
1. Retrouver une empreinte écologique soutenable ;
2. Réduire les transports en internalisant les coûts par des écotaxes appropriées ;
3. Relocaliser les activités ;
4. Restaurer l’agriculture paysanne ;
5. Réaffecter les gains de productivité en réduction du temps de travail et en création d’emploi ;
6. Relancer la production de biens relationnels ;
7. Réduire le gaspillage d’énergie d’un facteur 4 ;
8. Restreindre fortement l’espace publicitaire ;
9. Réorienter la recherche technoscientifique ;
10. Se réapproprier l’argent.
La principale difficulté pour réaliser ce programme tient au fait que, en nous enrichissant matériellement, la croissance économique nous a beaucoup appauvris humainement. Nous avons perdu cette capacité de nous tirer d’affaire par nous-mêmes qui faisait la puissance des pauvres et plus encore les solidarités sur lesquelles pouvaient compter les membres des sociétés traditionnelles. Il nous faut réapprendre à être autonomes et tout faire pour que la récession ne soit pas l’antichambre du chaos ou d’un écofascisme odieux.
2012. Le programme idéal d’un-e candidat-e à la présidence de la République française. Voici les réponses qu’un écolo attendrait d’un candidat aux présidentielles :
1) Comment améliorer le niveau de santé des Français ?
L’amélioration infinie du niveau de santé n’est pas possible alors que nous sommes entrés à une époque où règnent à la fois l’acharnement thérapeutique et le mal de vivre ; la perception de notre santé est inséparable de notre rapport à la mort et à la technique. Par exemple le droit de mourir dans la dignité doit être valorisé et l’accouchement ne doit plus être considéré comme une maladie à médicaliser. Il faut renforcer la territorialisation avec des maisons de santé de proximité.
2) Comment faut-il faire évoluer le système scolaire ?
Le blocage énergétique qui découle du pic pétrolier nous oblige à multiplier les perspectives d’emplois, donc de formation, dans l’agriculture, l’artisanat et les techniques douces. L’apprentissage et les filières professionnelles doivent être privilégiés au détriment des études longues et abstraites.
3) A quel âge et dans quelles conditions doit-on pouvoir prendre sa retraite ?
L’âge de la retraite est un choix individuel avant d’être une obligation sociale. Les difficultés croissantes de financement de la retraite par redistribution nous obligent à réfléchir sur une prise en charge plus grande du vieillissement de la population par les familles plutôt que par des institutions.
4) Comment combattre le chômage ?
Il est vain d’obliger ou même d’inciter les entreprises à garder leurs salariés quand les carnets de commande se vident. Contre le chômage, il faut une politique structurelle de relocalisation des activités, ce qui veut dire valoriser l’achat de proximité, les monnaies locales, la petite industrie. L’emploi ne se crée pas par le haut, mais par le bas.
5) Comment augmenter le pouvoir d’achat des Français ?
Le pouvoir d’achat actuel des Français est déjà au-dessus des capacités de la planète. Cette question est donc absurde. Car un journal bien informé devrait savoir que le pouvoir d’achat va diminuer étant donné l’épuisement des ressources naturelles et la reprise probable de l’inflation. Il faut donc s’interroger sur le partage équitable de la pénurie, ce qui implique une réduction drastique des inégalités de revenus.
6) Comment renforcer la compétitivité des entreprises françaises ?
Dans un système commercialement ouvert comme le nôtre, aucun pays ne peut garder un avantage compétitif durable. Il faut donc remplacer l’esprit de compétition par l’esprit de coopération au niveau national, européen et international. Cela implique aussi un degré croissant de protectionnisme quand on veut relocaliser l’emploi.
7) Comment réorganiser la fonction publique ?
Le poids de l’Etat en période de récession (probable) devient un fardeau insupportable. Il faut surtout recentrer les priorités de l’Etat sur ses fondamentaux et faire mieux avec moins. Par exemple, on peut sans difficulté majeure supprimer la force de frappe et diminuer la durée moyenne des études. Ce qui veut dire que l’armée nationale devient un simple appoint des casques bleus et que la division sociale du travail est simplifiée.
8) Comment faire évoluer l’éducation nationale ?
Un seul enseignant peut avoir une classe de dix élèves, ou de quarante, ou de 150 : tout dépend du niveau d’attention et de confiance des élèves. Il ne faut plus avoir une optique quantitative, ce sont les programmes qui doivent évoluer et les matières enseignées. Une culture de type holistique doit succéder à un enseignement fragmenté.
9) Comment rendre notre système judiciaire plus efficace ?
Le passage en justice est le signe d’un échec social. Si chacun s’efforce de vivre en harmonie avec son prochain, il n’y a plus besoin de recours en justice. Le système d’éducation parental est donc l’indispensable préparation à une justice efficace. Une école des parents semble incontournable, avec comme résultat que certains adultes ne devraient pas être considérés comme apte à devenir parents.
10) Quelle est la réforme indispensable de notre système fiscal ?
Au-dessus d’un salaire de trois fois le SMIC, le fisc prend tout. Les bénéfices d’une entreprise et les revenus patrimoniaux doivent profiter directement à la collectivité et non à l’usage personnel. Une entreprise doit se comporter comme une association à but non lucratif, une personne doit mettre son argent au service de l’intérêt public.
11) Quelle est la mesure prioritaire pour améliorer la qualité de notre environnement ?
Contre le gaspillage des énergies fossiles, il faut établir d’urgence une taxe carbone et même envisager une carte carbone, c’est-à-dire un rationnement. Cela implique une formation généralisée à l’écocitoyenneté, un apprentissage du sens des limites.
12) Quelle doit être la politique de la France sur l’énergie nucléaire ?
La polarisation sur le nucléaire est un grave défaut des politiques actuelles. Le nucléaire est, comme les énergies fossiles, une énergie non renouvelable dont on doit, par définition, sortir. Comme les énergies non renouvelables ne peuvent nous permettre d’utiliser autant d’esclaves énergétiques qu’à l’heure actuelle, il faut donc établir un vaste plan d’économies d’énergie à appliquer au niveau des individus et de la collectivité
13) Comment améliorer l’organisation territoriale du pays ?
Il faut respecter le principe de subsidiarité. Il ne s’agit pas seulement de déléguer plus de pouvoirs aux régions et aux départements, mais surtout aux communautés de résilience ou territoires en transition vers une plus grande autonomie alimentaire et énergétique.
14) Comment la France doit-elle agir sur son immigration ?
Tous les pays vont être confrontés à des difficultés croissantes. Sur une planète close et saturée d’humains, les frontières se ferment, l’ère du monde fini a commencé. L’émigration ne pourra plus être un recours possible au déséquilibre d’une population avec son propre écosystème. La maîtrise de la fécondité et de la sécurité alimentaire devient alors incontournable quand l’émigration n’est plus possible. Se posera cependant un problème croissant sur lequel il faudra faire preuve de solidarité internationale, l’accueil des réfugiés climatiques.
15) Quelle mesure est la plus efficace pour relancer l’économie européenne ?
Cette formulation n’est pas réaliste, la relance de l’économie n’est pas possible quand on a déjà dépassé les limites de la planète. Le keynésianisme global est devenu une méthode obsolète. Il faut reconstruire les structures de résilience, famille, paysannerie, artisanat, solidarités de proximité… que le libéralisme économique s’était employé à démolir.
NB : Le questionnaire du MONDE (19 avril 2012, supplément « Présidentielle 2012 » p. VIII) qui sert de trame à cet article veut complètement ignorer la dimension internationale des problèmes, comme le font d’ailleurs tous les présidentiables franco-français ! De plus LE MONDE n’accorde aucune importance à des questions aussi brûlantes que le réchauffement climatique, la descente énergétique ou la chute de la biodiversité. LE MONDE veut ignorer complètement les contraintes écologiques mondialisées qui pèseront de plus en plus sur les réalités socio-économiques et politiques au niveau national ! Pourtant un présidentiable conscient de l’urgence écologique expliquerait aux citoyens que la rupture avec notre standard de vie occidental est nécessaire.
Source : http://biosphere.blog.lemonde.fr/2012/04/20/de-quel-presidentiable-suis-le-plus-proche/