par Alain Hervé
Que racontent les média ces derniers jours ? Une actualité chasse l’autre. Le sujet Grèce sent le réchauffé, la presse le suce comme un vieux noyau. Le porc français invendable tient la route, ex æquo avec 20° d’augmentation des morts sur la route en un an. La canicule ne mérite pas que l’on s’étende. Les vignerons applaudissent le réchauffement climatique. A l’inverse, des événements majeurs ont à peine retenu l’attention. L’encyclique du pape dérange par son excessive lucidité L’anniversaire de l’explosion de la première bombe atomique sur Hiroshima est expédié en 24 heures. Il ne faudrait pas faire trop d’ombre sur la colossale entreprise du nucléaire français. Seule la chaîne Arte a rouvert sérieusement le dossier en nous faisant rencontrer le cynique von Neumann un des pères de l’objet. Et pourtant on n’aurait jamais dû cesser de considérer la monstruosité du geste : 80.000 êtres humains tués instantanément, 80.000 êtres humains tués instantanément, 80.000 êtres humains tués instantanément… Vous avez bien entendu : 80.000 êtres humains tués instantanément. Non personne n’a entendu. La propagande américaine a immédiatement inventé des justifications. C’est passé comme lettre à la poste. De beaux esprits ont immédiatement inventé le joujou de la « dissuasion ». La mise en place du joujou a mobilisé de formidables énergies et entraîné énormément d’investissements financiers. Le tiroir caisse n’a pas fini de sonner pour des establishments économiques qui ont fait mine de jouer au chat et à la souris. Certes l’histoire du petit mammifère humain s’est enrichie d’un nouveau « progrès dans les sciences », une machine à tuer à la taille de la croissance démographique de l’espèce. Cette espèce mérite t’elle l’intérêt qu’on lui porte et le qualificatif de « supérieure » qu’elle s’attribue? On peut se le demander, même si l’on en fait partie. Un précédent anniversaire qui a mobilisé les fanfares il a un an, en 2014, oblige qu’on en reparle. Il s’agit de la première guerre mondiale 14-18. Les monuments aux morts de toutes les communes de France permettent de ne pas oublier cet équarrissage de masse. On a beaucoup invoqué à l’époque des mots passe-partout « honneur et patrie » pour orner les drapeaux, et la boue de terre et de chair humaine hachée des tranchées. Il est curieux de penser que la même « civilisation » qui a produit cette infamie s’horrifiait au même moment des petites collations cannibales des dernières tribus, qui ne connaissaient pas encore le « progrès ». Si honneur il y a quelque part et si ce mot a un sens, l’humanité s’est déshonorée en 14-18. Elle s’est à ce moment autorisée à inventer la Shoah et Hiroshima. Il faut admettre qu’elle avait déjà inventé pas mal de saloperies diverses, du piège à loups, de la cage, de la poudre à canon à la mitrailleuse, à la torture, de la Saint Barthélémy à la Terreur… Le spectacle qu’elle donne aujourd’hui ne ressemble pas à la revue des Folies Bergères. Elle vient d’inventer le moteur à explosion, l’agriculture et l’élevage industriel, l’échange mondial par containeurs de produits essentiellement inutiles. Elle fabrique de toutes ses forces les instruments de propre extinction, de son exécution, de son suicide. Cherchez l’erreur. Qui peut répondre ? Les anthropologues ? Il y a quelque chose de détraqué dans ce singe. Il faudrait l’étudier pour comprendre ce qui le pousse à tout bousiller autour de lui. On dit qu’il met la planète en péril ce qui est absurde. La planète se portera aussi bien avec ou sans l’homme, avec ou sans la vie. Elle a du temps devant elle. Non ce niais d’humain se suicide, met en danger de mort sa propre espèce. Il fabrique, c’est sa dernière trouvaille, un chamboulement climatique. A Hiroshima il a bricolé, aujourd’hui il vient de trouver le moyen de rendre l’air irrespirable, de faire déborder les océans, de mijoter les pôles. Il doit avoir de bonnes raisons de se donner tout ce mal. Les quelles ?