par Charles Ribaut. Il y a plusieurs façons de lire le résultat des élections, on peut les examiner en pourcentage des exprimés ou en nombre de votants. Le plus souvent les commentaires se font sur les pourcentages d’exprimés, ce qui sous-entend que l’abstention affecte toutes les listes de manière égale. L‘IFOP suggère que c’est le cas mais selon Brice Teinturier (directeur d’IPSOS) “Il y a plus d’abstentionnistes chez ceux qui ont voté Hollande en 2012 que chez ceux qui ont voté Le Pen. C’est sûrement l’une des raisons du succès du FN à cette élection”. Je persiste donc à penser que les chiffres absolus méritent de l’attention. Je vais reprendre l’exemple du Front National : le nombre de personnes qui se sont déplacées pour voter FN au premier tour des élections régionales du 6 décembre 2015 (6 018 914) est nettement inférieur à celui du premier tour des dernières présidentielles (6 421 426). C’est ce qui est résumé dans le titre de ce billet et qui se démarque un peu d’autres analyses récentes, par exemple sur le site de l’Obs: “Le premier tour des élections régionales 2015 marque le meilleur score jamais réalisé par le parti d’extrême droite à une élection en France, dépassant la barre des 6 millions de voix.” Meilleur score oui mais en pourcentage des exprimés, pas en nombre de votants.
Une autre remarque peut être faite à propos du vote sécuritaire. En dépit de l’effet attendu des attentats du 13 novembre, on retrouve cette diminution du nombre de bulletins FN pour Paris où l’on passe de 61503 bulletins en 2012 à 59002 en décembre 2015. De plus, comme l’a fait remarquer l’ancien maire Bertrand Delanoë, le vote FN dans les 10e et 11e arrondissements, directement touchés par les attentats, est plus bas (7,3 et 7,5 % respectivement) que celui observé pour l’ensemble de la capitale (9,66 %). Cela rejoint les sondages portant sur l’électorat FN, qui aurait fait son choix de vote longtemps avant le scrutin. “L’actualité des attentats du 13 novembre ne serait donc pas le déclencheur du vote FN.”
Enfin un graphique reproduit dans l’article de l’Obs suggère que pour ne pas voter FN, il faut avoir fait des études !
La conclusion politique la plus simple, que l’on retrouve cette fois dans de nombreux commentaires, est que l’électorat qui a porté François Hollande à la présidence est déçu de voir le gouvernement sur un ligne politique trop semblable à celle de son prédécesseur, en rupture avec les promesses de campagne.
Charles Ribaut
P.S. A voir sur le site du Monde, une analyse du vote FN par Samuel Laurent, qui reprend les pourcentages des inscrits (ce qui revient au même que le nombre des votants) sur les 15 derniers scrutins et qui montre notamment que l’abstention ne profite pas nécessairement au FN.
P.S.2. Nous regrettons de devoir compléter ces informations avec la conclusion qu’au 2e tour, le FN a obtenu 400 000 voix de plus que son précédent record historique.