par Marine Jorjoue
Les vacances scolaires de printemps s’achevant, il est temps de penser aux choses sérieuses et de reprendre la lutte sociale contre la réforme du code du travail, dite Loi El Khomri, et contre le nouvel encadrement des conditions de travail lié à la libéralisation du rail. Ainsi la semaine dernière, mardi 26 avril était jour de grève nationale à la SNCF et le 28, jour de grève générale. Pour faire bon poids, les panneaux d’affichage des gares de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur avaient annoncé des perturbations du lundi 25 au vendredi 29 avril. Les motifs de la révolte des grévistes étaient incontestables : la dégradation prévisible du service public due aux faible recrutement de jeunes conducteurs de train et à l’absence de formation des plus âgés à la technicité de la conduite des TGV, les défaillances des contrôles faute d’effectifs suffisants pour empêcher les incivilités des usagers, la précarisation des jeunes professionnels, la multiplication des contrats intérimaires ou à durée déterminée, etc. Rien à redire, et pourtant …
… Car ceux-là mêmes qui dénoncent la détérioration des conditions de travail, les salaires faibles, les délocalisations et les fermetures des derniers sites industriels en France ne renonceraient pour rien au monde à prendre un vol low cost pour aller passer un week-end prolongé à Lisbonne, Riga ou Nicosie avec un hébergement chez l’habitant grâce à AirBnb. Ils font régulièrement leurs courses chez Leader Price et remplissent leurs congélateurs avec des plats préparés contenant des fruits de mer ayant fait quatre fois le tour de la planète avant d’être cuisinés par Findus ou Picard. Ils ne veulent pas se priver des smartphones chinois à prix cassés pour leurs enfants et du dernier modèle d’écran géant super plat fabriqué au Vietnam. Ils achètent tous leurs vêtements chez le Suédois H & M ou l’Espagnol Zara dont la grande partie des productions sont made in Bangladesh ou India.
Bref, nos jours de grève sont l’indécent reflet de la schizophrénie de notre civilisation, trop nourrie au beurre, gavée avec l’argent du beurre et le sourire de la crémière. Pas étonnant que l’allergie au lactose soit le mal du siècle !