par Marjorie JOUEN
Paris. 8h15 sur la ligne 13 : avec une densité de trois passagers au m², il fait presque 37,5 degrés dans les voitures. En cette quatrième journée de canicule, les vestes ont été abandonnées depuis longtemps ainsi que les chemises à manches longues. Il ne reste plus que des tee-shirts, des chemisettes et surtout des robes à bretelles. Rarement a-t-on vu autant d’épaules dénudées dans le métro. Les éventails ont également fait leur apparition car la stratégie « survie » commence à occuper tous les esprits. Pendant 15 ou 25 minutes, il ne s’agit pas seulement de cramponner la barre gluante pour ne pas tomber mais aussi de maintenir les corps des voisins à bonne distance : 5 centimètres à droite et à gauche, derrière et devant. Respirer calmement et ne pas bouger. Les regards sont muets et les yeux cernés par une courte nuit où le thermomètre n’est pas descendu au-dessous de 25 degrés dans les appartements.
Plus on avance le long de la ligne, moins il y a de monde et plus l’espace inter-passager s’agrandit. La concentration anti-chaleur ne faiblit pas pour autant. Il devient alors visible que –oh, surprise ! – aucun smartphone ne se profile à l’horizon. Personne ne tape frénétiquement sur Candycrush ou sur sa page FaceBook. Une servitude chasse l’autre … A moins que la liberté soit au bout du tunnel ?