par Marjorie Jouen
En ce samedi au ciel plombé légèrement humide, la place où se tient habituellement le marché est vide : la Mairie de Paris les a tous annulés. Sur les portes des magasins barricadés ou sur les rideaux métalliques baissés, de petites affichettes annoncent la fermeture exceptionnelle « par précaution » ou « en raison des manifestations ». Depuis des lustres, on n’avait pas vu si peu d’automobiles circuler, surtout dans les quartiers de Paris-villages, peu connus des habitants des « périphéries intérieures » de la France où l’on est accro au diesel volens nolens. De temps en temps, au loin, on voit passer un gilet jaune : manifestant égaré ou cycliste soucieux de sa sécurité ?
La journée se passe cahin-caha en slalomant entre les lignes de métro qui ne marquent pas l’arrêt dans les stations de la zone rouge et en renonçant à prendre le bus car la plupart ont vu leur tracé amputé. Alors on marche … et l’on se dit que si faute d’achats de Noël, le PIB n’enregistrera pas de hausse spectaculaire ce jour, on aura aussi fait pas mal d’économies d’énergie avec tous ces magasins à l’arrêt.
Et puis, on apprend le lendemain qu’il y a quand même eu des violences. Les casseurs ont à nouveau détruit des magasins à proximité des Grands Boulevards ; ils ont dévalisé un magasin de lunettes et pillé tous les stocks d’un bottier de luxe mais, après avoir fracassé la vitrine d’une librairie, ils n’ont rien touché à l’intérieur. Par respect ? Vous voulez rire !