
Frantz, Affiche
par
Frédérique Lorenzi
Le film démarre comme une plongée dans l’univers cinématographique de Fritz Lang : un cimetière désert, des pavés luisants de pluie résonnant sous les pas, des intérieurs austères et des passages voûtés où la rumeur ranime les braises encore fumantes de la haine patriotique.
Le rythme est donné par l’usage de nombreux plans fixes, rendant l’atmosphère pesante autour de personnages dont l’équilibre mental et affectif, au lendemain de quatre années de massacre guerrier, oscille entre amour et haine, sincérité et mensonge, humanité et souffrance, raison et folie, rédemption et damnation. Le spectateur, pris en otage, est balloté entre ces extrêmes.
Le noir et le blanc ne cèdent la place à la couleur que furtivement, à l’évocation des jours heureux, rêvés ou vécus, alors qu’on aurait voulu qu’elle s’installe plus longtemps.
Comme dans une valse à trois temps, François Ozon nous fait tourner la tête. Le spectateur a face à lui Adrien, tour à tour un héros désespéré par la perte d’un ami, puis un ancien soldat traumatisé tenté par le
(suite…)