Nous nous sommes régalés pendant une heure trente huit de ton « Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu »
On se laisse enchanter par ton choix des musiques de Boccherini et de Mozart, par tes décors bourgeois sans complexe, par tes réparties vaudevillesques, par tes acteurs réglés au millimètre pour exprimer tes intentions, par ton désabusement discret, par ta capacité de nous inviter à jouir des instants de la vie, bref par ton savoir-faire, ton savoir-vivre, ton savoir-jouir.(Tu me permettras de te tutoyer depuis quarante quatre ans que je fréquente.)
Les gâte-sauces de la critique font la fine bouche. Ce qui laisse supposer qu’ils ne se sont pas abandonnés à ton ton, à ta désinvolture.
Oui bien sur tu n’évoques pas la faim dans le monde, les mines de charbon en Chine, la corruption à Moscou et la pollution de l’air des appartements par la colle de la moquette.(réf.WA)
Tu n’es pas un grand inquisiteur du politiquement correct. Nous en sommes ravis. On suit ta démarche shakespearienne en mode mineur (rappelée dans le film). Comme l’écrit très justement Laurent Samuel sur son site (voir nos liens) et pour reprendre une subtile locution suisse romande : « tu nous déçois en bien ».
Depuis le temps que nous sommes contemporains on ne se lasse passe de ta compagnie. On suit avec bonheur ta psychanalyse publique. On se félicite que tu aies trouvé avec la mise en scène de cinéma un remède à ta difficulté d’être. Nous en tirons de grands bonheurs chaque année.
Ta mort signifiera la nôtre en tout cas pour ce qui me concerne. Ne te presse pas.
Alain HERVE