Chère Ségolène

9 décembre 2014,

par Alain HervéIMG_1363

Bravo et merci pour cette décision chaleureuse dans tous les sens du terme. Merci de nous rendre le feu de bois fondamental que l’homme pratique depuis plus de cent mille ans. Une directive, pur jus administratif,  prétendait l’interdire sous prétexte de pollution. Certes ce diktat imbécile ne nous aurait pas empêché, si l’envie nous en prenait, d’allumer nos feux. On serait entré dans la clandestinité, dans la résistance contre un ennemi oppresseur, acharné à tuer les dernières libertés qui nous restent et à promouvoir le tout électrique centralisé.

Le droit au feu n’a, à ma connaissance, jamais été interdit par les monarchies les plus absolues, ni par les dictatures les plus carabinées. Au Moyen-âge, le droit au ramassage du bois mort dans les forêts seigneuriales était autorisé. Mais des fonctionnaires sans doute formatés au carré dans une école d’administration ont accouché de cette grandiose mesquinerie. Sous prétexte bien sûr d’enrayer la pollution par l’interdiction de quelques feux de bois. Mais les millions d’échappements cancérigènes  des automobiles sont eux à peine restreints. On va enfin y venir avec cinquante ans de retard pour les diesels. Merci Ségolène pour nous permettre de rêver à nouveau le nez dans les flammes, de nous abîmer dans les odeurs primordiales, de nous réchauffer l’âme et les mains, de griller du poisson sans remplir la maison d’odeurs, de mijoter du ragoût pendant des heures sans augmenter la facture edf.

Et j’en passe. Mais pensons y, avec ces châtreurs de feu, Melville n’aurait jamais pu écrire « Ma cheminée et moi »

Avec nos amitiés sauvages

A.H.

 

 

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